Mut’info Bretagne #11

Illustratrice Julie Blesson aka Mme.Patate du collectif La Vilaine : collectif rennais d'illustrateur.e.s et auteur.e.s BD qui publie une revue du même nom et souhaite valoriser la BD rennaise et ses talents.

Eric Chenut, Président de la Mutualité Française, invitait le 17 septembre 2022 à un débat parlementaire et à l’organisation d’une convention citoyenne.
D’après Grand Corps Malade « Chaque vie est un miracle, mais le final est énervant. J’me suis bien renseigné, on n’en sortira pas vivant…Ce grand mystère qui nous attend, notre ultime point commun à tous. Qui fait qu’on court après la vie, sachant que la mort est à nos trousses ».

La fin de vie mérite un véritable débat

Ce sujet nous concerne tous !
En effet, malgré les progrès de la médecine et les utopies de certains milliardaires, la mort reste un événement biologique inéluctable.

Depuis 2020, l’épidémie mondiale due au coronavirus nous a confrontés, parfois brutalement, à la maladie et au décès. Certains n’ont pu dire adieu à l’être aimé, parfois depuis presque toute une vie. Quels bouleversements, quelle tristesse pour une société dite moderne où la mort était devenue taboue et invisibilisée.

Dans ce contexte, comment aborder sereinement le sujet de la fin de vie ? Actuellement, une convention citoyenne, initiée par Emmanuel Macron, réfléchit à ce sujet avec pour objectif de répondre à cette question : le cadre de la fin de vie est-il adapté aux différentes situations individuelles rencontrées ou d’éventuels changements devraient-ils être introduits ? En résumé, faudrait-il modifier la loi Claeys-Leonetti de 2016 ?

L’an dernier, une proposition de loi « pour le droit à une fin de vie libre et choisie » n’a pu être votée faute de temps, même si elle avait rencontré un large soutien de la part des députés pour une aide active à mourir. D’autres propositions de loi avaient également été déposées. Pourtant, le consensus n’apparaît pas clairement dans la société française. Face aux positions exprimées, relayées par les médias, Emmanuel Macron s’est résolu à ce que cette question soit « débattue de manière approfondie par la nation ».

Aujourd’hui, et pour beaucoup, comme Eric Chenut, « la fin de vie mérite un vrai débat ». Ainsi, jusqu’à fin mars, dans le cadre de cette convention citoyenne, 185 citoyens se réuniront, à 9 reprises, pour sonder les forces et les faiblesses de la loi actuelle et débattre d’éventuels changements de cette loi. Des rencontres avec des experts et des acteurs du terrains sont aussi proposées dans les territoires par les espaces éthiques régionaux.

Que dit la loi aujourd’hui ?

La loi de 2016 affirme le droit à toute personne à une fin de vie digne et apaisée. Elle met en avant les directives anticipées et leur opposabilité aux médecins. Elle reconnaît aux personnes malades en fin de vie et dont les souffrances sont réfractaires aux traitements, un droit à la sédation profonde et continue jusqu’au décès. Elle insiste sur le statut de la personne de confiance.

Et dans les faits ?

Même si un plan de développement des unités de soins palliatifs existe, 26 départements en sont encore dépourvus. Et quid des unités mobiles qui permettent cette prise en charge à domicile ?

La loi existe, ce qu’elle permet peut paraître suffisant et pourtant sa méconnaissance dans le grand public et son application insuffisante font que, entre les militants pour une mort « choisie » qui défendent la légalisation de l’euthanasie ou du suicide assisté et les partisans d’une mort « naturelle » qu’ils appellent à mieux accompagner grâce aux soins palliatifs, le duel s’est installé dans les médias. Fallait-il laisser le débat aux experts ou aux lobbyistes ?

59 % des Français de plus de 50 ans savent qu’il existe une loi sur la fin de vie. 18% ont rédigé leurs directives anticipées. Ce moment de la convention citoyenne est l’occasion de relancer l’information et la réflexion de chacun sur sa propre fin de vie et de s’en saisir.

La Mutualité Française agit depuis toujours pour promouvoir la bonne santé tout au long et jusqu’au bout de la vie. Mais que penser, que faire lorsque l’objectif n’est plus de guérir la personne mais de préserver sa qualité de vie face à une issue inévitable ? La Mutualité Française, à la suite des travaux de son Espace Fédéral d’Ethique, avait, déjà en 2020, publié une contribution dans laquelle elle prônait justement l’ouverture d’un débat pour que le cadre juridique puisse apporter des réponses individualisées. Elle proposait également de mettre au cœur des réflexions le choix du patient sans opposer famille et soignants, soins palliatifs et accompagnement actif à la fin de vie dans une approche complémentaire. La Mutualité Française est également attachée au respect de la volonté individuelle et de l’exercice plein et entier du libre arbitre, dans la vie comme face à la mort. Si la loi évolue, encore devra-t-elle permettre à chacun, partout sur le territoire, le même accès à ces évolutions. La Mutualité Française, forte de ses établissements sanitaires et médico-sociaux s’engage à développer les services de soins palliatifs, à améliorer la formation des équipes soignantes et à favoriser le recours aux directives anticipées par un accompagnement éclairé de ses adhérents.

Impliquée dans le débat de société, la Mutualité Française Bretagne (MFB), l’Espace de Réflexion Ethique de Bretagne (EREB) et l’Université Bretagne Sud (UBS) ont le plaisir de vous inviter à un débat public sur le sujet de la fin de vie en présence de Monsieur Chenut, président de la Mutualité Française : Jeudi 2 mars 2023 à 17h – UBS – Campus de Tohannic – Vannes (inscription).

Dominique Lemétayer,
Mutualité Française Bretagne

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