L’accès aux soins : quel rôle pour la Mutualité et les mutuelles ?

Le 40ème Congrès de la Mutualité Française se tiendra à Nice les 18, 19 et 20 Octobre prochain. Alors que de plus en plus de français renoncent à se faire soigner, la mouvement mutualiste a décider de mettre l’accès aux soins au cœur de ses travaux.

La spirale de l’endettement pèse sur les assurés sociaux

Depuis 1989, la branche maladie du régime général de la Sécurité  sociale  a été constamment déficitaire.  » En 20 ans, jusqu’en 2008, elle  a  accumulé 84,4 milliards d’euros de déficit. » Et de 2009 à 2011, ce  sont  « 30,8 milliards d’euros de déficit supplémentaires » qui se sont  ajoutés,  précise le rapport au congrès.

Au total, « la dette de la  Sécurité  sociale s’élevait fin 2011 à 199,9 milliards d’euros ». Car  année après  année, le choix a été fait de recourir à l’endettement.  « Les assurés  sociaux, les mutualistes et les mutuelles, transformés en  collecteurs  d’impôts, en ont trop souvent été les victimes. »

De plus en plus de malades renoncent à se faire soigner
Les dépassements d’honoraires des médecins mettent également en cause  le  caractère solidaire du système d’assurance maladie. Leur montant  « atteint 2,5 milliards d’euros en 2010 », souligne le rapport.

Pour  l’optique, le patient n’est plus remboursé par l’assurance maladie  obligatoire qu’à hauteur de 4% de ses dépenses, 18% pour les prothèses  dentaires. Pas moins de 20% des assurés sociaux ont un reste à charge  compris en 500 et 1.000 euros par an, 5% entre 1.000 et 1.500 euros, et  5% de plus de 1.500 euros.

A ces difficultés financières,  s’ajoutent des inégalités géographiques d’accès aux soins. Certaines  régions se transforment en véritables déserts médicaux. Pour toutes ces  raisons, les renoncements aux soins ne cessent d’augmenter. Selon  l’Institut de recherche et de documentation en économie de la santé  (Irdes), « en 2008, 15,4% de la population adulte déclare avoir renoncé à  des soins médicaux », faute de moyens. Cette proportion atteint 34%  chez  les étudiants, montre une enquête de la Mutuelle des étudiants  (LMDE).

Le modèle mutualiste contre les inégalités sociales
Face à ce constat, la Mutualité Française considère qu’il est urgent  « de  changer de cap ». Elle fait de nombreuses propositions dans son  rapport  pour réformer le système de santé. Acteur solidaire de sa  régulation, le  mouvement mutualiste veut aller plus loin, en  s’engageant sur divers  chantiers : financement de la Sécurité sociale,  réduction du reste à  charge des assurés sociaux, maîtrise des  dépassements d’honoraires des  médecins, etc.

Le modèle  capitalistique a dû recourir à la  puissance publique pour affronter la  crise financière. Pendant ce temps,  le modèle mutualiste, inscrit au  cœur de l’économie sociale et  solidaire, a réaffirmé sa pérennité et  ses valeurs : non-lucrativité,  démocratie, solidarité. Quelle place  jouera-t-il demain ? Comment les  mutuelles contribueront-elles à la  réduction des inégalités sociales ?  C’est à ces questions que  répondront les 3.000 militants mutualistes  lors du congrès de Nice.

Ghislaine Trabacchi

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