L’Observatoire/Place de la santé : La santé mentale en France – Focus sur les Côtes d’Armor

Alors que la santé mentale des Français s’est dégradée avec la crise sanitaire, le dernier Observatoire de la Mutualité Française est consacré au « parent pauvre » des politiques de santé publique.
Il dresse un état des lieux de la prise en charge de la santé mentale, et décrypte les perceptions et représentations des citoyens et professionnels de santé à ce sujet.
Trois axes sont notamment analysés : la prévention, l’offre de soins et les restes à charge.

Accès aux soins : Les Côtes d’Armor, une situation préoccupante.

Même si la France compte un nombre de psychiatres par habitant parmi les plus élevés d’Europe, leur répartition est très inégale sur le territoire. Et qu’il s’agisse des professionnels de santé ou des établissements, les Côtes d’Armor est le département breton le moins bien doté[1].

  • Au 1er janvier 2020, le département compte 13 psychiatres pour 100 000 habitants, soit 43% de moins que la moyenne nationale. 55% de ces professionnels ont 55 ans et plus (6,6 points de plus que le taux national), ce qui est le chiffre le plus important en Bretagne. Mais 84% d’entre eux exercent en secteur 1, soit sans dépassement d’honoraires (62% en France).
  • Le nombre de lits et places en établissements psychiatriques (111 pour 100 000 Costarmoricains en 2018) est inférieur de 20% au niveau national.
  • De même, alors qu’on compte 5 centres médico-psychologiques en Bretagne pour 100 000 habitants en 2018, le département n’en propose que 3 pour 100 000 Costarmoricains, soit 40% de moins.
  • Avec 92 psychologues pour 100 000 habitants au 1er janvier 2020, l’offre est près de 20% inférieure au pourcentage national.
  • Au 1er janvier 2020, on ne dénombre qu’1 pédopsychiatre pour 100 000 enfants de 0 à 14 ans, alors que ce chiffre est en moyenne de 5 pour la France entière, et 6 pour la région Bretagne.

Prévention : les Côtes d’Armor, un département breton davantage touché par les tentatives de suicide(2) .

En France, 23 suicides par jour sont dénombrés chaque année[3], et ce chiffre est l’un des plus élevés des pays européens de développement comparable[4].

Les hospitalisations pour tentatives de suicide concernent particulièrement les 12-18 ans et les plus de 65 ans, et on observe des taux plus importants dans les Côtes d’Armor[5].

  • Pour 10 000 Costarmoricains de 12-18 ans en 2015, 22 jeunes sont hospitalisés pour tentative de suicide. C’est le taux le plus élevé en Bretagne, et supérieur de 6 points au taux national.
  • Ce taux est également plus important pour les personnes de 65 ans et plus: les hospitalisations pour tentative de suicide concernent près de 8 personnes sur 10 000, soit un taux de 2,4 points supérieur au niveau national.

[1] Statistiques annuelles des établissements ; Drees-RPPS ; Insee /Traitements FNMF

[2] https://www.infosuicide.org/reperes/epidemiologie/epidemiologie-france-tentatives-de-suicide/

[3] Observatoire national du suicide, juin 2020

[4] Eurostat, repris par OCDE 2020

[5] Atlas de la santé mentale, Irdes 2020