Mut’info Bretagne #15

Illustrateur Loïc Gosset du collectif La Vilaine : collectif rennais d'illustrateur.e.s et auteur.e.s BD qui publie une revue du même nom et souhaite valoriser la BD rennaise et ses talents.

Ce que la e-santé fait pour moi ? Ce que la e-santé ne fait pas pour moi ?

Cela fait plusieurs jours que je me demande comment je vais introduire cette newsletter consacrée à l’e-santé (appelée également santé connectée ou bien santé numérique ou bien encore Santé 2.0).  Ce terme se réfère en effet à un ensemble très vaste de techniques et de services. En surfant sur le net, j’ai tout d’abord repéré une définition qui me plait bien. Il s’agit de celle de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) : L’e-santé désigne tous les domaines où les technologies de l’information et de la communication sont au service de la santé et du bien-être. Bonne nouvelle ! En poursuivant mes recherches, un titre a retenu mon attention sur le site du Ministère de la santé et de la prévention et de l’agence du numérique en santé : « Ce que la e-santé fait pour vous ? » Bonne question !

Je vais tenter très brièvement de répondre à la question. Il est certain que la e-santé fait beaucoup pour moi, que ce soit dans le domaine de la prévention (plateformes d’information, objets connectés, applications[1]), de l’accès aux soins (prise de RDV en ligne, absence d’avance des frais, téléconsultations), de la prise en charge (diagnostic médical plus sûr avec la téléexpertise, meilleur suivi à la pharmacie des prescriptions, coordination des soins, maintien au domicile sécurisé, etc.) et enfin du suivi médical (télésurveilllance, etc.). L’e-santé me permet de bénéficier d’une médecine prédictive, préventive, personnalisée, participative et pertinente. Super !

Je pourrais en rester là mais j’ai également envie de me demander ce que la e-santé ne fait pas pour moi.

Tout d’abord, la e-santé ne m’apporte des services que si je suis à l’aise avec le numérique. Il convient donc de « combattre la fracture numérique, en permettant un accès financier, matériel et humain aux outils. Cela recoupe les enjeux de médiation, de communication claire et d’éducation populaire et citoyenne »[2]. Il s’agit aussi d’éduquer au bon usage du numérique. La Mutualité, avec ses mutuelles et ses services de soins et d’accompagnement mutualistes est bien placée pour engager une démarche « d’aller vers » les publics.

Ensuite, si je veux bénéficier de programmes personnalisés, je dois accepter de partager mes données personnelles. Il faut donc que la confiance s’instaure. Cela nécessite un travail de pédagogie. « L’engagement individuel, « libre et volontaire », nourrit la vision mutualiste. Ces deux notions impliquent que la décision soit prise en pleine connaissance des informations, sans influence et dans un espace d’expression où la liberté – d’agir et de penser – est pleinement garantie ». Les militants et les salariés mutualistes sont volontaires pour accompagner les usagers dans leurs démarches numériques. La Mutualité Française est également un acteur engagé pour faire la promotion de Mon Espace Santé, en expliquer le sens, en démontrer l’intérêt pour les assurés sociaux.

En prévention, la e-santé peut m’inciter à manger équilibré, à pratiquer un sport mais elle ne m’empêchera pas de manger du chocolat lorsque je suis contrariée et elle n’ira pas à ma place à l’aquagym. Il convient d’ajouter de l’humain aux outils numériques : Cela passe par du présentiel et du collectif. Les ateliers d’éducation à la santé, les groupes de parole sont autant d’actions qui permettent de favoriser un changement de comportement en santé. Le développement de l’e-santé doit permettre de libérer du temps aux professionnels pour qu’ils puissent consacrer davantage de temps à leurs patients. Il doit également entrainer une optimisation des dépenses de santé et favoriser le virage préventif. Les mutuelles sont un levier puissant pour développer la prévention à impact. Elles y sont toutefois empêchées car « les freins à l’accès aux données de santé par les organismes complémentaires d’assurance maladie (OCAM) ne permettent pas de personnaliser les messages, les programmes, les actions au-delà des critères d’âge et de sexe ce qui nuit à l’efficacité, au déploiement et à l’évaluation de la prévention ». La Mutualité Française appelle à la construction d’un cadre de dialogue avec l’Etat et l’Assurance maladie obligatoire autour de la prévention.

Pour ce qui est de l’accès aux soins, l’e-santé me permet de prendre un RDV en ligne sauf si c’est la première fois que je consulte et que le professionnel de santé ne prend pas de nouveaux patients. La Mutualité Française continue de faire des propositions pour lutter contre les déserts médicaux et pour améliorer l’accès à la prévention et aux soins. La e-Santé constitue une réponse mais ce n’est pas la seule. C’est tout le système de santé qu’il faut réorganiser en profondeur.

Et pour vous, que fait la e-santé ? Je vous invite à nous partager vos réponses en cliquant ici F. Vous aurez peut-être la chance de gagner une petite récompense. Désolée, cela ne sera sans doute pas une montre connectée santé !

 

[1] A titre d’exemple, la Mutualité Française Bretagne déploie un programme numérique « Icope » qui vise à préserver la santé des personnes de plus de 60 ans sur les Côtes d’Armor et le Morbihan. Pour le dépistage, une application sur smartphone est utilisée. En cas d’alerte, cet outil numérique permet à une équipe médicale de prendre contact avec la personne concernée pour discuter de son état de santé.

[2] Toutes les phrases en italique se rapportent à des propositions formulées par la Mutualité Française pour entre autres le Conseil national de la refondation (CNR) portant sur le numérique.

Fabienne Colas
Mutualité Française Bretagne

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