La Mutualité Française Bretagne, acteur incontournable de la prévention participe au colloque organisé par l’Union Nationale pour la Prévention du Suicide le lundi 5 février à Paris dans le cadre de la Journée Nationale pour la Prévention du Suicide.
La thématique retenue pour cette 22ème édition est la suivante « Les acteurs visibles et invisibles de la prévention du suicide ». En effet, au-delà de certains acteurs bien connus, il existe toute une richesse d’acteurs de proximité demeurant relativement inaperçus alors qu’ils favorisent ou recréent du lien social. S’agissant de ces derniers, on pense évidemment aux proches ou aux collègues de travail. Mais qui évoquerait à ce propos, les élus locaux, les pharmaciens, les gardiens de résidences, les intervenants de l’aide à domicile ou en institution, les chauffeurs de taxi, etc ? Il s’agira lors cet événement de s’interroger sur leurs apports à la prévention du suicide ainsi que sur les complémentarités avec les acteurs visibles (professionnels, bénévoles…).
En Bretagne, la mortalité par suicide est une des plus élevées de France. Face à ce constat, la Mutualité Française Bretagne est très engagée depuis de nombreuses années : grâce aux soutiens de ses partenaires (et en premier lieu celui de l’ARS Bretagne) la MFB coordonne douze réseaux ou collectifs locaux de prévention du suicide. Ces dynamiques qui réunissent des acteurs visibles et invisibles affirment que la prévention du suicide est l’affaire de tous et que chacun, de sa place, a possibilité à y contribuer. Forte de cette expérience, et en s’appuyant sur une évaluation régionale de ces réseaux réalisée en 2017, la MFB pourra diffuser ses préconisations et exprimer ses points de réflexions susceptibles d’amener d’autres territoires à développer des dynamiques similaires. A ce titre, deux chargées de prévention de la Mutualité Française Bretagne, Chantal Garest et Fanny Le Diodic, participeront à la table ronde consacrée à la coopération entre acteurs dits invisibles et les professionnels de la santé ou de l’action sociale.
Pour mieux saisir tous les enjeux de cette rencontre, nous avons interrogé Fanny Le Diodic à ce sujet :
1) A quoi correspondent les réseaux ou collectifs locaux de prévention du suicide développés en Bretagne ?
Les réseaux de prévention du suicide en Bretagne sont des réseaux réunissant différents acteurs (bénévoles, élus, professionnels du secteur social, médico-social, sanitaire, éducatif, animation, force de l’ordre…), se réunissant tous les mois et demi afin de travailler ensemble sur la prévention de la souffrance psychique et du suicide. Leur objectif premier : développer un réseau local décloisonné favorisant la mise en relation de l’ensemble des acteurs pour un meilleur accompagnement des personnes en souffrance psychique. Par ailleurs, ces réseaux organisent des actions de prévention pour les professionnels ainsi que pour le grand public en fonction des besoins identifiés sur les territoires et des attentes des professionnels (formations au repérage de la crise suicidaire, conférences-débat, théâtre-débat, ciné-débat… ).
2) Selon vous, c’est quoi les acteurs invisibles ? Quelles places ont-ils au sein de la prévention du suicide ?
En prévention du suicide, il existe des acteurs connus, je pense par exemple aux professionnels du soin, néanmoins d’autres sont insoupçonnés, on peut parler d’acteurs invisibles… nous pourrions citer les élus, les bénévoles d’associations, les animateurs jeunesse, les CPE d’établissements scolaires, les animateurs de centre sociaux, les aides à domicile, etc. Ces acteurs ne sont pas forcément conscients d’être des acteurs de prévention, or ils ont un rôle essentiel dans la prévention du suicide ! Nous partons du postulat que la prévention du suicide est l’affaire de tous… chacun a un rôle à jouer dans la prévention du suicide (repérage, orientation, prise en charge…) ! Il existe par ailleurs la formation au repérage de la crise suicidaire ouverte aux personnes accueillant du public et pouvant être confrontées à des situations de souffrance psychique dans le cadre de leurs pratiques (élus, bénévoles, animateurs jeunesse…, mais également les soignants). Cette formation a pour objectif le développement des compétences pour repérer, accompagner et orienter une personne en crise suicidaire, elle développe ainsi le travail en réseau et donne une légitimité aux acteurs invisibles en prévention du suicide.
3) Pourquoi grâce aux réseaux peut-on dire que les coopérations fonctionnent ?
Les réseaux permettent aux différents acteurs d’un même territoire de se réunir, d’apprendre à se connaître et à travailler ensemble pour ainsi permettre une meilleure orientation et prise en charge des personnes en souffrance. Participer au réseau renforce le fait que chacun a un rôle à jouer dans la prévention du suicide, chacun a sa place au sein du réseau quelque soit le profil de la personne, il y un respect des uns des autres, tous ont cette envie de travailler ensemble pour la prévention du suicide. Ce réseau pluridisciplinaire permet une réelle interconnaissance amenant à des coopérations entre les différents acteurs. Un exemple : l’assistante sociale de secteur ou l’élu(e) connaît l’infirmier du Centre Médico-psychologique (CMP) et le fonctionnement de cette structure, en partie grâce à sa participation au réseau, ainsi, il ou elle sera plus convaincant(e) pour orienter un usager vers cette structure, et l’usager sera plus rassuré pour se rendre au CMP. Le réseau favorise cette mise en relation des différents acteurs, il permet la rencontre entre acteurs, visibles ou invisibles, de la prévention du suicide.
En complément de cette journée, un colloque régional relayera également cette thématique le mardi 13 février à Rennes.