Estelle Blouch a 23 ans, est étudiante sage-femme et profite d’une année de césure pour présider la FédéB, fédération des associations étudiantes de Bretagne occidentale. Elle nous parle de son association mais aussi des aspirations de cette nouvelle génération d’étudiants. Pour être heureux, il faut …
Estelle Blouch, vous avez 23 ans, êtes étudiante sage-femme et présidente de la FédéB depuis 7 mois. Comment êtes-vous arrivée là ?
J’ai commencé à m’engager dans le cadre d’un tutorat. Cela m’a beaucoup plu. J’ai donc dupliqué l’expérience au sein de mon association d’étudiantes sage-femmes, puis de fil en aiguille, suis arrivée à la FédéB. Je suis aujourd’hui en année de césure pour pouvoir exercer ce mandat.
Pouvez-vous nous parler de la FédéB ?
C’est la fédération des associations d’étudiants de Bretagne occidentale. Elle fédère 38 associations sur Brest, Quimper, St-Brieuc et Lannion, avec une grande diversité de filières et de territoires : médecine, sage-femmes, kiné, sciences sociales, droit, économie, lettre, sciences humaines …
Notre objectif est d’animer la vie de campus et rendre la vie des étudiants plus simple.
Nous organisons des actions transversales et variées autour de la jeunesse, y compris pour les futures étudiants (en intervenant en collèges et lycées).
Nous faisons de la prévention avec la mise à disposition de matériel type éthylotest, préservatifs…
Nous gérons une Agoraé : une épicerie solidaire gérée par et pour les étudiants, qui est aussi un lieu de vie et de lien social entre étudiants. Les produits y sont vendus à des tarifs équivalents à 10 à 20% de ceux du marché. Ce lieu permet aux étudiants de rompre avec l’isolement social. Quand on n’a pas de quoi se nourrir, il est clair qu’on n’a pas non plus le budget pour faire tout ce qui constitue la vie sociale et l’émancipation : boire un verre, aller au cinéma, voir un concert, faire du sport …. C’est pourquoi nous proposons des ateliers divers et variés (santé environnementale, réduction des déchets …) qui s’appuient toujours sur la formation par les pairs et l’intelligence collective.
Nous sommes aussi très investis sur la prévention des violences sexistes et sexuelles, l’inclusion des étudiants internationaux, la défense de leurs droits.
Nous proposons une multitude de formations autour de la gestion d’une association.
Enfin, nous organisons des actions culturelles pour animer la vie du campus. Il s’agit notamment du festival des pétarades. On a beaucoup entendu parler de la détresse des étudiants ces dernières années compte tenu des confinements successifs. Avez-vous partagé ce constat ?
Oui. Les confinements successifs ont été durs à vivre pour les étudiants. Ils ont souffert de l’isolement. Cela s’est vu.
Nous avons aussi constaté une forte hausse de la fréquentation de l’Agoraé, pour se nourrir, mais aussi pour trouver de la chaleur humaine. Nous y avons accueilli la parole des étudiants.
Où en est-on aujourd’hui ?
La fac revit. Il y a du monde dans les couloirs, mais le retour à la vie normale n’est pas toujours simple. Il y a encore beaucoup de précarité étudiante. Nous comptons aujourd’hui 370 bénéficiaires contre 120 il y a deux ans. Ce chiffre ne fait qu’augmenter.
Le système de bourses n’est pas adapté. Les montants alloués sont calculés au prorata des revenus des parents, ce qui d’une part, est gênant en cas de rupture familiale, et d’autre part, peut générer une chute brutale du niveau de revenu en cas d’augmentation des revenus des parents. Les étudiants peuvent ainsi rapidement se retrouver précarisés. Leurs revenus servent à financer les études mais pas que. Il y a va aussi de leur émancipation.
Est-ce que cette période les a rendus plus sensibles à la préservation de leur santé ?
La santé n’est pas une priorité pour les étudiants en situation de précarité. Ils pensent que les soins médicaux coûtent cher et préfèrent souvent renoncer à se soigner pour des raisons financières.
Que cherchent les jeunes que vous côtoyez à travers la FédéB pour être heureux ?
La nouvelle génération d’étudiants s’engage. Ils veulent agir, aider les autres, et avoir une vie militante riche à côté de leurs études. Ils se préoccupent du climat, du chômage, de la défense des droits notamment.
Le lien social avec les autres étudiants est aussi une condition primordiale de leur bonheur. C’est clairement facilitant pour accéder à une vie épanouie.
De façon plus pragmatique, on les voit heureux quand on dynamise le campus, en festival, et qu’ils chantent toute la nuit, ou quand on organise des stands de prévention et qu’on les voit s’amuser avec les tests.
Comment ont-ils appréhendé les résultats des élections présidentielles ?
Ils ont eu peur du résultat du second tour, mais ne se sont pas réjouis non plus à l’annonce des résultats. Ils veulent surtout tirer les leçons des mandats précédents et alerter sur ce dont ont besoin les étudiants.