En mars 2019, 19 associations issues de la société civile ont décidé de s’unir pour porter ensemble la convergence de l’écologie et du social sous la forme d’un Pacte du Pouvoir de Vivre (PPV). Il rassemble 66 propositions qui permettent à la fois de lutter contre le dérèglement climatique, enrayer l’érosion de la biodiversité et améliorer le quotidien des citoyens. Ce pacte vise à guider toutes les politiques publiques pour que dans chaque nouvelle loi, dans chaque nouveau décret, et à toutes les échelles, les questions sociales et écologiques soient non seulement prises en compte mais qu’elles deviennent le cœur de chaque décision politique. En Bretagne, plusieurs initiatives locales ont vu le jour, dont le collectif des Côtes d’Armor.
Légende : Questions à Jean-Paul Rouxel (CFDT), Alain CARRÉ et Fabrice KAS (Mutualité Française Bretagne)
Comment s’est décidée la mise en place de ce collectif ? Qui a été à l’initiative et quelle est sa composition ?
Le PPV des Côtes d’Armor a été créé début mars 2020 à l’initiative de la CFDT 22, dans la lignée de la dynamique nationale de la CFDT qui souhaite faire vivre le pacte sur les territoires. Ainsi, des contacts ont été pris localement avec les signataires du Pacte pour créer ensemble des collectifs locaux. L’Union Départementale CFDT 22 a souhaité s’investir sur des dossiers du « vivre ensemble » et tisser des liens avec des organisations dont elle partage les préoccupations.
Le PPV des Côtes d’Armor est composé des organisations suivantes : APF France Handicap, ATD Quart-Monde, CFDT, Cimade, Compagnons Bâtisseurs, CSF, Habitat et Humanisme, Mutualité Française Bretagne, Petits Débrouillards, Secours Catholique et UnVsti.
Pourquoi vous impliquez-vous dans ce collectif, de même que l’institution que vous représentez ?
En tant que militants CFDT, la participation à ce groupe nous permet d’aborder des questions qui impactent directement les conditions de vie en lien ou non avec les conditions de travail. On pourrait nous reprocher de nous éloigner des objectifs syndicaux. Il n’en est rien. Nous avons le sentiment que les préoccupations du Pacte du Pouvoir de Vivre sont au cœur du projet solidaire de la CFDT. Par ailleurs, nous apprécions particulièrement la qualité des échanges et du travail mené avec des organisations qui partagent nos valeurs fondamentales et qui nous permettent de bénéficier de leur expertise dans des domaines autres que l’activité professionnelle, mais très importants dans la vie quotidienne des travailleurs et de leurs familles.
La Mutualité Française a fait sienne la définition de la santé par l’Organisation Mondiale de la Santé qui dit que « la santé est un état complet de bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité [1] ». Depuis, la dimension environnementale s’est ajoutée à cette définition. S’inscrire dans ce Pacte écologique et social, c’est dire que les conditions de vie, de logement, de lien social, d’environnement urbain ou rural sont des déterminants qui impactent directement la santé. L’accès aux soins, la perte d’autonomie, le logement sont parmi les nombreux sujets qui nous et qui concourent à réduire les inégalités sociales de santé. Le Pacte permet d’aborder ces questions en complémentarité, de croiser les regards pour développer les solidarités et réduire les inégalités.
Concrètement, quelles actions avez-vous déjà menées, et dans quel but ?
Au mois de mars 2020, nous avions l’intention de nous adresser aux futures équipes municipales, mais la crise du COVID a interrompu le processus. Cependant, par la suite, nous nous sommes adressés aux maires nouvellement élus en leur soumettant les 10 mesures que le PPV avait mis en exergue pour les municipales. Les mairies de St-Brieuc et de Lamballe ont répondu, et des délégations PPV des Côtes d’Armor ont été reçues par les élus.
Nous avons aussi interpellé le Préfet des Côtes d’Armor que nous avons rencontré en le 3 juin pour lui présenter « les 15 mesures indispensables pour la fin du confinement » (ce n’était que la 1ère vague …). Chaque organisation présente dans la délégation a exposé une ou deux mesures, en s’appuyant sur son expérience et ses observations de terrain.
Il s’agissait, à la fois, de nous faire reconnaître comme acteur de la vie sociale locale et aussi d’exercer notre fonction de relais des propositions nationales. Nous avons essayé autant que possible de communiquer dans la presse locale, notamment après cette audience.
Par ailleurs, nous avons adressé aux cinq députés des Côtes d’Armor un courrier relatif au plan de relance en nous appuyant sur la plateforme nationale, et nous avons obtenu un entretien en visioconférence avec Yannick Kerlogot, député de Guingamp.
En plus de notre fonction de relais des propositions nationales comme évoqué plus haut, nous avons souhaité nous atteler à un dossier concret qui est un indicateur important en matière de précarité : les problèmes de logement. Nous avons rencontré différents acteurs concernés par cette thématique dans le département. Nous avons identifié cinq questions sur lesquelles nous souhaitons travailler, et si possible progresser :
- le manque de petits logements avec des loyers abordables
- les logements vacants et la question de l’expropriation
- les abus dans les relations bailleurs sociaux – locataires de logements sociaux et propriétaires privés – locataires
- les délais pour adapter des logements aux besoins des occupants
- l’accompagnement social pour traiter plus humainement les questions relatives au logement
Comment voyez-vous l’avenir de ce collectif ?
Le contexte sanitaire a pesé sur notre fonctionnement en nous contraignant notamment à des réunions ou des démarches en visioconférence. Nous avons cependant réussi à maintenir la cohésion de notre groupe, qui a continué à s’élargir ces derniers mois avec l’arrivée d’UnVsti et des Petits Débrouillards. Nous avons également des contacts avec des structures locales qui pourraient prochainement nous rejoindre.
La constitution d’autres groupes dans le département, comme cela a été envisagé à Guingamp et Lannion, serait un atout supplémentaire pour notre crédibilité au niveau départemental.
Il nous faudra aussi à l’avenir continuer à améliorer nos modes de communication externe et, en particulier, mieux partager nos propositions dans les réseaux de chacune de nos organisations.
Dans la perspective des importantes échéances de 2022, le PPV se prépare à faire en sorte que ses propositions actualisées dans différents domaines puissent être défendues dans le débat démocratique. Les alliances locales telles que le PPV des Côtes d’Armor auront un rôle important à jouer.
Quels sont vos liens avec les autres collectifs bretons et le collectif national ?
L’articulation régionale du PPV en Bretagne mérite d’être renforcée, et nous souhaitons agir en ce sens dès la rentrée.
Nous sommes en contact régulier avec Morgane Cantrelle, chargée de mission PPV au niveau national pour la coordination des groupes locaux, et plusieurs membres du PPV des Côtes d’Armor ont participé à des webinaires nationaux dans le cadre de l’actualisation du Pacte et de la préparation des actions à venir.
[1] Préambule de 1946 à la Constitution de l’organisation mondiale de la santé (OMS).