Pourquoi les îles ?
Les îles bretonnes connaissent depuis quelques années des difficultés pour assurer un accès aux soins et à la santé de leur population : départs de médecins non remplacés, parfois peu d’attractivité pour l’exercice sur une île, … L’ Agence Régionale de Santé de Bretagne (ARS) a alors sollicité plusieurs entités gestionnaires et le groupe mutualiste VYV3 Bretagne a répondu favorablement pour expérimenter une organisation pérenne et innovante de permanences des soins, et coordonner l’ensemble du projet.
Les groupements mutualistes ont toujours soutenu les projets d’innovation dans les territoires.
En lien avec l’ARS, les îles du Morbihan de Groix, Houat et Hoëdic, ont été ciblées.
L’insularité, une singularité ?
Il y a de fortes disparités entre iliens et continentaux…La population y est souvent plus âgée, parfois isolée socialement, et avec de fortes problématiques d’accès aux soins et à la santé.
De plus, la population augmente considérablement sur ces îles au printemps et à l’été, et donc avec son lot d’incidents et d’accidents ! Il y a également des problématiques de transport et surtout de logement. Pour le transport, des avancées sont à noter avec l’instauration du tarif Professionnel de Santé. Pour le logement, le problème reste entier avec une difficulté majeure d’accès à une offre accessible de logement pour beaucoup d’actifs sur les îles.
Pouvez-vous nous présenter l’APSIB ? Comment et pourquoi est née cette association ?
À la suite de la sollicitation de l’ARS, nous avons fondé cette association en 2019.
Tout est dans notre raison d’être : trouver des solutions à la désertification médicale sur les îles, sans déstabiliser les dynamiques déjà existantes.
L’APSIB, dont la gestion des activités est assurée par VYV3 Bretagne, associe d’autres partenaires : collectivités territoriales, l’association des îles du Ponant (AIP), les Communautés Professionnelles Territoriales de Santé, les centres hospitaliers et établissements médico-sociaux, partenaires locaux…
En 2020, nous avons créé le centre de soins infirmiers à Hoëdic et en 2022, nous avons repris la gestion du service de soins infirmiers à domicile à Houat.
Puis nous avons créé, en avril 2022, à la demande de l’ARS suite à une étude très documentée, le centre de santé de Groix, une île qui a connu une carence de médecins pendant plusieurs mois.
Pouvez-vous nous présenter ce centre de santé de Groix ?
C’est une structure innovante, car ce centre de santé médical allie médecins salariés et libéraux. C’est la seule offre médicale sur l‘île.
Il s’agit d’assurer une permanence des soins 7j/7 et 24h/24.
Dix médecins, qui viennent de Lorient, de Quimper, y exercent à temps partiels, pour assurer environ 12 000 consultations par an.
Ce sont des médecins généralistes, urgentistes, qui se relaient sur l’île.
Trois médecins sont présents la semaine, en journée, et un médecin est d’astreinte la nuit, les samedi et dimanche.
Attirer des médecins sur certains territoires est parfois difficile : vous y êtes parvenus, comment ?
La mairie de l’île de Groix, partenaire clé, met à disposition des logements pour faciliter cette organisation et cette permanence des soins.
Les professionnels sont intéressés par l’exercice coordonné et regroupé, le travail en réseau, et la variété des activités : consultations médicales classiques, gestion de la petite urgence, suivi des pathologies chroniques, visites à domicile, à l’EHPAD une matinée par semaine…
L’équipe médicale est également appuyée par une équipe administrative.
Quels services propose-t-il ? Et en quoi est-il innovant ?
Par son fonctionnement : on pourrait dire que c’est un cabinet médical classique… avec quelques « plus »…
Le centre de santé assure de la biologie délocalisée, en partenariat avec le Groupe Hospitalier de Bretagne Sud : ce sont deux automates qui analysent des prélèvements sanguins, ce qui peut éviter un recours aux urgences de l’Hôpital.
Outre les services médicaux, il y a aussi les « à-côtés » : les campagnes récentes de vaccination COVID, Grippe et HPV, des actions de prévention, l’offre de répit pour les aidants (un jour par semaine). Nous sommes également engagés dans le déploiement du programme ICOPE, qui vise à préserver la santé des personnes de 60 ans et plus, autonomes et à domicile.