Anévrisme de l’Aorte Abdominale, un accident vasculaire encore trop peu connu du grand public et qui peut être évité ou pris en charge si le risque est dépisté suffisamment tôt…
Une expérimentation inédite en Bretagne d’un dépistage qui débute en février grâce à un partenariat institutionnel, médical et mutualiste sur le territoire de Lorient Agglomération.
De quoi s’agit-il ?
Lancée dès février 2013, cette campagne consiste à proposer, à une population masculine âgée de 65 à 90 ans et présentant un certain nombre de facteurs de risque, une démarche de dépistage simple et accessible via un acte d’échographie, dont l’analyse des résultats donne suite à des réponses adaptées :
– Des réponses graduées en terme de surveillance et d’accompagnement apportées principalement par le médecin généraliste,
– Une prise en charge chirurgicale au besoin.
Interview du Docteur François Saudreau, chirurgien vasculaire, Clinique Mutualiste de la Porte de L’Orient, Lorient.
L’anévrisme de l’aorte abdominale : qu’est-ce que c’est ?
L’aorte est une artère principale de l’organisme qui naît à la sortie du cœur, descend dans le thorax, puis dans l’abdomen.
L’aorte abdominale et de son anévrisme
Interview du docteur François Gérard, chirurgien vasculaire, Clinique Mutualiste de la Porte de L’Orient, Lorient.
Un anévrisme est un accroissement permanent localisé d’une artère dont le diamètre est anormalement augmenté.
Cet accroissement va accroître le risque d’évolution vers une rupture de l’aorte. Ceci peut provoquer une hémorragie interne, un état de choc et un risque de décès en l’absence de prise en charge chirurgicale rapide.
Or, il est difficile et rare de découvrir un anévrisme de l’aorte puisque sa progression reste silencieuse et par conséquent sans symptôme majeur apparent.
C’est pourquoi, détecter au plus tôt un anévrisme est capital.
Le dépistage de l’anévrisme de l’aorte abdominale : un procédé simple et sans risque.
Réalisée par un spécialiste (angéiologue, radiologue), l’échographie de l’aorte est un examen simple qui permet de faire le diagnostic d’AAA et de préciser sa taille.
L’échographie est une méthode d’exploration qui utilise les ultra-sons, en particulier leur réflexion, sur les organes que l’on explore.
Cette méthode est donc inoffensive et non douloureuse.
Lorsque l’anévrisme a été détecté, si sa taille ne justifie pas le traitement, une surveillance semestrielle ou annuelle s’impose par échographie.
Cet examen, d’une durée totale de 20 minutes, est pris en charge par l’Assurance Maladie et les organismes de complémentaire santé.
Échographie d’un anévrisme
Film : l’échographie est un moyen simple de dépistage de l’anévrisme de l’aorte abdominale.
En pratique : comment va s’organiser cette campagne de dépistage?
Cette campagne de dépistage est limitée au secteur de la communauté de communes de Lorient,appelée Lorient Agglomération.
Concrètement, sur la première quinzaine de février, environ 1 300 hommes âgés de 65 à 90 ans tirés au sort* et habitant sur ce territoire, recevront un courrier d’information avec un questionnaire servant à repérer l’importance des facteurs de risques (les plus largement connus sont l’âge, notamment au-delà de 60 ans, le tabagisme ancien ou actif et l’hérédité puisqu’il existe de rares formes familiales).
Après exploitation des retours selon un protocole scientifique par l’équipe médicale de la Clinique Mutualiste de la Porte de L’Orient, les hommes concernés recevront une invitation afin de programmer une échographie abdominale.
L’ensemble de cette démarche d’invitation et de rendez-vous se fait, bien entendu, en lien avec le médecin généraliste de chaque personne, qui, de son côté, dispose de toute l’information.
Interview du Docteur François Saudreau, chirurgien vasculaire, Clinique Mutualiste de la Porte de L’Orient, Lorient.
Suite au dépistage, quelles réponses seront-elles relayées auprès de la population concernée?
Suite à l’échographie, quel que soit le lieu où celle-ci est réalisée (à la clinique mutualiste, chez l’angéiologue, chez le radiologue), les résultats sont transmis au médecin généraliste.
Dans le cas où il est découvert un Anévrisme de l’Aorte Abdominale (AAA) avant rupture, une prise en charge adaptée est alors nécessaire, en fonction de la taille et de la croissance de cet anévrisme :
– assurée par le médecin généraliste, une surveillance et au besoin, un traitement préventif du risque cardiovasculaire, qui permet de ralentir la croissance d’un petit AAA et de surveiller cette croissance par des échographies régulières,
– si le diamètre de l’aorte est augmenté et le risque de rupture avéré, une prise en charge chirurgicale se justifie pleinement pour le patient, qui bénéficiera de la préparation et de l’accompagnement nécessaire à l’intervention.
Interview du docteur François Gérard, chirurgien vasculaire, Clinique Mutualiste de la Porte de L’Orient, Lorient.
Quelles sont les solutions chirurgicales ?
Le médecin généraliste, acteur majeur de la campagne de dépistage
Tous les médecins généralistes du territoire de santé N°3 Lorient-Quimperlé sont informés de cette démarche de dépistage. Ils recevront en amont un courrier d’information et par la suite, dans le cas où leur patient est concerné par le dépistage, une procédure d’échange d’information et de suivi est automatiquement mise en œuvre.
Cette circulation d’information place le médecin au centre de la démarche de dépistage, sur l’ensemble des étapes.
Interview du Docteur Jean-Louis Samzun, médecin généraliste.
Quelle est la place du médecin généraliste dans ce dépistage?
Par ailleurs, les radiologues, les cardiologues et les angéiologues du territoire de santé sont également informés du déroulement de cette campagne, et au regard du principe de libre choix du patient, ils seront éventuellement appelés à réaliser les échographies.
Une campagne de dépistage unique en Bretagne
Cette campagne de dépistage est une première expérimentation en région, inscrite officiellement au Projet Régional de Santé en Bretagne 2012 – 2016.
Suite à la publication d’un bilan portant notamment sur le «bénéfice santé » auprès de la population concernée et au regard des coûts engendrés, d’autres campagnes, de plus grande échelle, pourront éventuellement suivre dans les prochaines années.
Des partenaires très investis autour de cette campagne de dépistage AAA.
Dès le départ, un comité de pilotage s’est constitué afin de suivre la réalisation de l’expérimentation. Ce projet, porté par l’équipe de Chirurgie Vasculaire du territoire de santé Lorient-Quimperlé et animé par le docteur François Saudreau, Chirurgien de la clinique mutualiste de la Porte de Lorient, a fédéré un ensemble de partenaires très impliqués : Agence Régionale de Santé de Bretagne, Caisse Primaire d’Assurance Maladie du Morbihan, Mutualité Française Bretagne, Représentants des Médecins Libéraux en Bretagne.
Interview de Régis Condon, Directeur de la Clinique Mutualiste de la Porte de L’Orient.
Pourquoi la Clinique Mutualiste de la Porte de L’Orient a-t-elle lancé ce projet ?
Interview du Docteur Françoise Durandière, conseiller technique médicale, Direction de l’Offre de soins et de l’accompagnement à l’Agence Régionale de Santé Bretagne (ARS), Rennes.
Pourquoi l’ARS Bretagne est-elle partenaire de cette expérimentation ?
Un comité scientifique s’est également constitué afin d’apporter éclairages scientifiques et méthodologiques.
Outre les participations du Professeur Dominique Midy du Centre Hospitalier Universitaire de Bordeaux et du Professeur Alain Leguerrier du Centre Hospitalier Universitaire de Rennes, ce comité est composé de plusieurs membres du groupe de pilotage du projet (M. Régis Condon, les médecins de l’Equipe de Chirurgie Vasculaire du territoire de santé, Docteur Jean-Louis Samzun) ainsi que plusieurs professionnels de santé de Lorient (Docteur Vincent Houlard, angéiologue; Docteur Laurent Aubaut, radiologue ; Docteur Serge Baleynaud, cardiologue au CHBS)