La Mutualité Française publie, en co-édition avec Economica, « Le revenu des professions de santé », un livre sous la direction de Jean de Kervasdoué, professeur émérite au Conservatoire national des arts et métiers. L’ouvrage analyse, données à l’appui, l’évolution de la rémunération des professions de santé depuis quinze ans et propose une réforme du système actuel.
Plus de dix ans après son ouvrage sur la crise des professionnels de santé, il est apparu nécessaire de revenir avec Jean de Kervasdoué sur ce sujet qui, plus que jamais, suscite des débats et cristallise tant de passions.
FORTES DISPARITES DE SALAIRES
La question de la rémunération ouvre bien des thématiques et, entre autres, celle des dispositifs conventionnels « qui ont hélas apporté la preuve de leur inefficacité tant en termes de régulation et d’organisation de l’offre de soins que de cohérence dans les revenus des professionnels de santé », regrette le président de la Mutualité Française, Etienne Caniard, dans l’avant-propos. Comment, en effet, légitimer les trop fortes disparités de salaires entre les généralistes et les spécialistes, et entre les spécialités elles-mêmes ? Dans un autre registre, comment admettre, pour reprendre l’expression de Jean de Kervasdoué, que les médecins sont toujours majoritairement dans le Sud, alors que les plus malades sont souvent dans le Nord de la France ?
Au-delà du symbole que porte le revenu, c’est la globalité des pratiques qu’il convient aujourd’hui d’interroger : exercice en réseau ou individuel, coopération professionnelle, médecine de ville ou pratique hospitalière. L’évolution rapide des techniques médicales ainsi que les profondes mutations institutionnelles tant en Europe qu’en Amérique du Nord permettent d’entrevoir les modes d’organisation pour la médecine de demain.
RÉVISION DE LA NOMENCLATURE
Au terme de l’analyse, l’auteur suggèrera quelques recommandations sur la démographie médicale, les modes d’exercice, les revenus et modalités de paiement ainsi que sur l’offre, afin de contribuer au débat et mieux comprendre les enjeux de la médecine française au 21e siècle. A titre d’exemple, les auteurs appellent à une « révision de la nomenclature actuelle » (qui définit le coût des actes remboursés par l’Assurance Maladie), un chantier qu’il faut considérer comme « permanent » car les pratiques médicales « évoluent chaque année ».