Projet coopératif inscrit dans l’Économie Sociale et Solidaire et la transition écologique, Toutenvélo Rennes est un acteur historique de la cyclologistique avec plus de 10 ans d’expertise dans ce secteur. Rencontre avec François Dupont, co-gérant de la SCOP de Rennes.
Pouvez-vous nous présenter la SCOP ToutenVélo et ses principales activités ?
Toutenvélo Rennes est une entreprise de cyclologistique créé en 2012 à Rennes. Nous avons des activités diverses :
- Livraison de colis principalement pour les professionnels,
- Opération de propreté, en lien avec les marchés publics (nettoyage des bornes d’apports volontaires et collecte d’encombrants),
- Missions de navettes : transports de courrier ou de petit matériel entre des agences (immobilières, banques, etc),
- Activité de courses (demandes émanant souvent des commerçants du centre-ville rennais),
- Déménagement pour les professionnels et les particuliers (transports d’électroménagers et de meubles).
Comment avez-vous eu l’idée de créer ToutenVélo Rennes et quel a été le parcours jusqu’à aujourd’hui ?
L’idée est née lors d’un voyage au Québec du créateur de la SCOP, Jérôme Ravard, lors duquel il rencontre une entreprise qui pratique le déménagement à vélo. Il importe alors le concept ici, à Rennes, en 2012.
Depuis, notre activité s’est développée. Aujourd’hui, nous sommes 19 salariés à Rennes.
Un système de franchises sociales a vu le jour dans toute la France. Cela a commencé avec la ville de Rouen. Aujourd’hui il y a 12 SCOP (Société coopérative et participative) Toutenvélo sur le territoire. Chacune d’entre elles est indépendante, mais elles sont toutes en lien la SCIC (Société coopérative d’intérêt collectif) basée à Noyal-Châtillon. Cette dernière a pour activité la construction de remorques et de vélo pour le réseau national ToutenVélo, mais également de remorques sur-mesure à destination d’artisans, de paysagistes, de projets de street-food, etc.
En quoi cette entreprise est-elle actrice de l’ESS ?
Notre statut coopératif, qui est assez novateur dans le secteur du transport et de la logistique, nous inscrit dans l’ESS. Cela signifie que les bénéfices de l’entreprise sont redistribués aux salariés. Nous avons également l’habitude d’encourager nos salariés à devenir sociétaires afin qu’ils participent aux grandes décisions stratégiques de l’entreprise.
Notre activité autour du vélo souligne aussi notre engagement écologique, et donc notre participation à l’Économie Sociale et Solidaire.
Quels sont les principaux défis que vous rencontrez dans la promotion des mobilités actives ?
Notre plus gros défi concerne les préjugés qui existent sur le vélo, sur notre capacité à transporter des charges lourdes, à faire face aux intempéries, mais également sur les tarifs pratiqués. On observe une méconnaissance du matériel utilisé, les gens sont souvent surpris d’apprendre que nous pouvons transporter 300 kilos de marchandises en un seul trajet, ou que nous possédons des solutions de transports frigorifiques.
Aujourd’hui, nous travaillons avec une quarantaine d’entreprises, 90% sur la ville de Rennes, et 10% du reste de notre activité est réalisée sur la première couronne rennaise. Au-delà de 6 à 7km de trajets, le vélo n’est plus compétitif avec les autres moyens de transports en termes de gain de temps.
Quel lien faites-vous entre mobilité active et santé ?
Le lien est assez évident, cela permet de maintenir une activité physique tout au long de la journée. Même si nos vélos sont électriques, cela nous permet de ne pas être sédentaires. Nous faisons beaucoup de prévention sur le port de charges lourdes, et tous les matins, nous organisons une séance d’échauffement avec les équipes afin de prévenir les Troubles Musculo Squelettiques. Nous sommes également vigilants quant au positionnement des salariés sur leurs vélos, en les adaptant selon les différents profils.
Quelles sont les tendances d’évolution du marché ? Quels sont vos projets futurs pour ToutenVélo Rennes ?
Actuellement, le monde du transport est un peu en difficulté, et cela, malgré le nombre croissant de commandes internet. Notre objectif est donc de maintenir une santé financière correcte. On aimerait développer, prochainement, le service de courses que nous proposons aux entreprises.
Comment envisagez-vous l’avenir des mobilités actives en France et en Bretagne en particulier ?
Nous constatons que beaucoup d’aménagements sont en cours sur le territoire, notamment à Rennes, mais en Bretagne aussi. On observe, que dès qu’il y a des aménagements, il y a de plus en plus de cyclistes, donc il faut continuer de développer cet axe.
Mais sur le secteur, l’évolution est positive en termes de mobilités actives, il y a de plus en plus de cyclistes sur la ville de Rennes. La Bretagne est une région plutôt bien située en comparaison à d’autres régions en France, elle est toujours en bonne position sur les classements nationaux. La Bretagne est également une région où le tourisme à vélo est très sollicité.