Illustrateur Ismael Hadour du collectif La Vilaine :
collectif rennais d'illustrateur.e.s et auteur.e.s BD qui publie une revue du même nom et souhaite valoriser la BD rennaise et ses talents.
C’est avec ce titre d’une comédie française des années 80 que je débute l’édito de notre newsletter consacrée au logement. Pour mémoire, ce petit film sympathique, réalisé par Patrice Leconte et dont la B.O est signée Renaud, raconte l’histoire d’un gars, Guy (Michel Blanc), qui perd son emploi et qui va squatter chez un de ses amis, Daniel (Bernard Giraudeau), qui lui vit chez sa copine…
Viens chez moi, j’habite chez une copine
De prime abord, il peut sembler étonnant que la Mutualité s’intéresse à la problématique du logement. Et pourtant…
En tant qu’acteur de prévention santé, la Mutualité peut se saisir de cette question car logement et santé sont liés.
Le logement est en effet un déterminant de santé majeur et un levier important pour l’amélioration de la santé des populations. La crise sanitaire due au Covid-19 a particulièrement mis en avant l’impact des conditions de vie et de logement sur la santé. Santé publique France, dans sa revue trimestrielle « La Santé en action » du mois de septembre 2021, pointe très justement les conséquences du mal-logement sur la santé physique et mentale de ses occupants. Les personnes âgées ou les enfants sont les publics les plus sensibles aux conditions dégradées de leur habitation. Les inégalités sociales de santé sont aussi renforcées par le mal-logement. Les inégalités sociales d’accès à un logement touchent par ailleurs davantage les jeunes générations, les femmes et certaines minorités comme les Gens du voyage.
La Mutualité se mobilise alors pour un accès à un logement digne. Elle le fait entre autres aux côtés des acteurs du Pacte du pouvoir de vivre, Pacte qui préconise « d’éradiquer les passoires énergétiques en investissant massivement dans la rénovation des logements ». La Mutualité développe aussi des actions de prévention pour diminuer l’impact du logement sur la santé physique. Par exemple, en Bretagne, la Mutualité sensibilise les jeunes parents aux différentes sources de pollution intérieure avec son programme « Ma maison change d’air ».
En tant que mouvement, la Mutualité peut aussi jouer un rôle pour favoriser l’accès au logement des jeunes dès lors qu’elle entend soutenir ceux-ci dans leur désir d’émancipation. Aujourd’hui, les jeunes Français font face à des difficultés croissantes pour accéder à l’autonomie. Ils sont plus confrontés au chômage que leurs aînés. Ils sont aussi plus touchés par la pauvreté. L’accès à un logement indépendant relève alors du parcours du combattant. Par ailleurs, la période de l’entrée dans la vie adulte est de moins en moins linéaire. Il n’est pas rare qu’un jeune adulte soit contraint de retourner vivre chez ses parents faute de revenus suffisants. Les jeunes sont d’autant plus dépendants de leur famille qu’ils sont maintenus dans un statut dégradé de citoyenneté sociale. Ainsi, ils ne peuvent pas accéder au revenu de solidarité active avant l’âge de 25 ans. Dans ses propositions pour l’élection présidentielle, la Mutualité propose de « réinventer les solidarités pour favoriser l’émancipation et garantir l’autonomie ». La Mutualité ambitionne de bâtir « des protections sociales durables » et d’asseoir une conception globale de la santé.
En tant qu’acteur de terrain, opérateur, la Mutualité est aussi présente auprès des populations, à des moments clés de la vie (naissance, entrée dans la vie active, retraite) et développe des solutions d’accompagnement des jeunes et des personnes âgées. Elle a formulé des propositions concrètes dans la perspective de son Congrès en septembre prochain qui visent à répondre aux fragilités de la société française par des mesures de lutte contre l’exclusion et en faveur du lien social. Elle plébiscite la création de résidences sociales pour l’accueil de jeunes de 18 à 30 ans (stagiaires ou alternants ou apprentis, étudiants, salariés en début de vie active) et de résidences séniors à vocation sociale (en Bretagne Ekip’Age). Elle encourage également les
projets innovants autour de l’habitat intergénérationnel.
Dans le contexte de crise sanitaire, sociale, écologique, les modes de vie évoluent très rapidement. Ces changements transforment en profondeur notre rapport au logement. Colocation, nomadisme, habitat léger : de nouveaux usages en matière de logement voient le jour. Alors qu’elle va fêter ses 120 ans, la Mutualité Française demeure à l’écoute des bruits du monde et fait preuve d’adaptation dans les solutions qu’elle apporte.
Pour revenir au film « Viens chez moi, j’habite chez une copine », je ne sais pas s’il a vieilli mais la formule pourrait à nouveau devenir tendance. On pourrait même la décliner à l’envi : Viens chez moi, j’habite chez mes parents ; Viens chez moi, j’habite chez une mémé ; Viens chez moi, j’habite une Tiny House (ou petite maison dans la prairie) ; Viens chez moi, j’habite à l’étranger, etc.
Fabienne Colas Présidente Mutualité Française Bretagne
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