Mut’Info Bretagne #6

Liberté, Egalité, Sororité

Si la Mutualité est engagée dans le Droit des femmes de longue date, nous pouvons nous appuyer sur quelques éléments plus récents pour aborder le sujet de l’égalité femmes-hommes dans cet édito. Ainsi, depuis 6/7 ans, la mobilisation mutualiste s’est accentuée pour une meilleure prise en compte des femmes dans le système de santé et plus généralement dans la société ainsi que pour une meilleure représentation des femmes en Mutualité.

Sur ce dernier point, pour appliquer une ordonnance parue en juillet 2015, qui fixe pour les mutuelles et fédérations de mutuelles, un objectif d’égale représentation des femmes et des hommes dans les conseils d’administration, la Mutualité a décidé de viser le chiffre de 40% de femmes administratrices à l’horizon 2021. Cela n’est pas une parité exacte, vous remarquerez. Cela dit, sans la création du réseau MutElles en 2016, cette cause aurait vraisemblablement avancé très lentement.

En 6 ans, le réseau MutElles a donc fait bouger les lignes. En moyenne, les femmes sont passées de 23% à 29% dans les conseils d’administration mutualistes. Certaines mutuelles ont même atteint les 40% de femmes administratrices assez vite. Par ailleurs, lors de la dernière assemblée générale de la Mutualité Française en octobre dernier, les délégués mutualistes ont élu 15 femmes et 26 hommes pour constituer le conseil d’administration fédéral, ce qui représente 37% de femmes. Bel effort ! Le conseil d’administration de la Mutualité Française Bretagne compte quant à lui, depuis mai 2021, 16 femmes et 20 hommes : la parité est quasi atteinte. Il importe de continuer à accompagner les entités mutualistes dans cet objectif de parité sans y ajouter des mesures plus contraignantes. Cela pourrait en effet engendrer le risque de dévaloriser les nominations de femmes à des mandats importants.

Parmi les autres causes soutenues dernièrement par la Mutualité Française, nous pouvons citer, en juillet 2019, la prise de position de Thierry Beaudet alors président de la fédération, en faveur d’une généralisation de la protection médicalement assistée (PMA) remboursée à toutes les femmes, au nom du principe d’égalité. La Mutualité Française Bretagne a alors partagé cette conviction et organisé en novembre 2020 une webconférence en partenariat avec l’Espace de réflexion éthique de Bretagne (EREB) intitulée : « De mère en FIV, comment conjuguer principes éthiques et PMA ? ».

Plus récemment, Dominique Joseph a rapporté, aux côtés d’Olga Trostiansky, l’avis du Conseil économique, social et environnemental (CESE) dont la thématique est « Crise sanitaire et inégalités de genre ». Cet avis montre que la pandémie a agi comme le révélateur des inégalités femmes-hommes et généré dans certains cas un véritable recul des droits des femmes. Il souligne que la crise sanitaire et les confinements ont provoqué une explosion des violences faites aux femmes, aggravé la charge mentale de celles-ci et les inégalités de répartition des tâches ménagères et familiales, au détriment de ces dernières. À ces conséquences s’ajoutent des répercussions économiques et sociales d’ampleur pour les femmes. La Mutualité Française relaie alors les propositions du CESE afin d’œuvrer pour une égalité réelle entre les femmes et les hommes, que ce soit en matière de droits, de vie professionnelle, ou d’épanouissement personnel.

Sans doute, à la Mutualité Française Bretagne, nous pourrions aller un peu plus loin dans notre engagement en nous impliquant davantage sur le terrain, sur le volet de la prévention par exemple.

En guise de conclusion, je souhaite revenir sur le titre de cet édito. Je me suis permise d’adapter la formule retenue par la Mutualité Française pour ses vœux 2022 : « Liberté de choix, Égalité des droits, Fraternité républicaine ». Après quelque retouche, cela donne sans trop de surprise : « Liberté, Égalité, Sororité ».  Le terme « sororité » a refait surface avec #Metoo, mouvement de libération de la parole féminine et de solidarité entre les femmes. Notre titre sonne alors un peu comme un combat. Mais après tout, à l’heure des vœux, nous pouvons soutenir tout mouvement qui invite à penser différemment les rapports entre hommes, entre femmes, et entre sexes et qui imagine un autre monde pour demain. Bonne année 2022 mes sœurs… et mes frères, « sous le signe du progrès social et de la solidarité » (sous-titre de la carte de vœux de la Mutualité Française).

Fabienne Colas
Présidente Mutualité Française Bretagne

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