Vous bougez ?
À l’approche des vacances, la sempiternelle question revient : « Vous bougez cet été ? ». L’idée sous-jacente est de savoir si nous allons profiter de nos congés pour explorer d’autres contrées. C’est plutôt une chance de pouvoir bouger. Pour rappel, près d’un Français sur deux ne part pas en vacances pour des contraintes personnelles et/ou des raisons financières.
Bouger, c’est aussi un appel à la mobilisation générale de la part du Gouvernement depuis que la promotion de l’activité physique et sportive a été retenue comme Grande Cause Nationale 2024 (GCN 2024). Bouger répond à un enjeu de santé publique. Il s’agit alors moins de bouger au sens de s’éloigner de chez soi que de se bouger, c’est-à-dire de se remuer un peu, beaucoup, tous les jours de l’année et pas seulement en période estivale.
Il y a urgence pour notre santé à adopter des modes de vie moins sédentaires et plus actifs. Pour reprendre l’expression de François Carré, professeur de cardiologie et président du collectif Pour une France en forme : « Nous sommes face à un Tsunami sociétal d’inactivité physique et de sédentarité ». L’activité physique est alors appréhendée comme outil de santé pour prévenir la survenue de maladies évitables ou pour prendre en charge de manière non médicamenteuse les personnes souffrant de maladies chroniques.
Nous parlons bien d’activité physique ou de sport-santé bien-être et non de sport de compétition. Tout est bon pour lutter contre la sédentarité : la marche mais aussi le jardinage ou bien encore le ménage ! C’est plutôt rassurant. Nous ne sommes pas obligés de courir un marathon pour préserver ou améliorer notre santé.
C’est important à souligner car l’injonction à la performance sportive peut être contre-productive. Elle peut nous démotiver avant même de commencer ! Il faut aussi se méfier de la formule « Quand on veut, on peut ». Il n’est pas si simple de démarrer ou redémarrer une activité physique. Ce n’est pas qu’une question de volonté. Pour bouger, il faut avoir un environnement personnel, familial, social qui le permette. Il convient donc d’agir collectivement sur les déterminants sociaux, territoriaux et environnementaux de la santé et du bien-être. Dans son dernier baromètre dédié au sport santé, la Mutualité Française préconise, entre autres, la mise en place d’actions ciblées pour faciliter l’accès à la pratique et lutter contre les inégalités genrées, sociales, liées au handicap ou à l’âge.
Par ailleurs, si l’on se préoccupe de santé en termes de bien-être, il importe de ne pas miser exclusivement sur l’activité physique et sportive. Se mettre en mouvement, s’approprier ou se réapproprier son corps peuvent aussi passer par la pratique d’autres disciplines telles que le dessin, le théâtre, la musique. Prendre du plaisir dans ses loisirs, dans ses occupations, au quotidien, gagner en confiance et en estime de soi sont déjà des gages de bonne santé. Ne dit-on pas que quand on aime, on peut déplacer des montagnes ?
Enfin, il importe de s’engager dans une pratique collective plutôt qu’individuelle pour une bonne santé physique, mentale et sociale. Pour Eric Chenut, président de la Mutualité Française, promouvoir la pratique répond à un enjeu de cohésion sociale car cela revient à « créer du lien social et des zones de partage ». Si nous hésitons encore à bouger, voici une raison supplémentaire pour se décider : partager des valeurs d’entraide, de solidarité et de respect mutuel.
Alors, vous bougez ?!
Fabienne Colas