Pour mémoire, la Mutualité Française Bretagne a vocation à défendre les intérêts des mutuelles et groupements, à faire mouvement en prenant position sur des sujets de société et enfin à développer des programmes de prévention dans un objectif de santé publique. En remplissant ces missions, nous ne nous rendons pas toujours compte que nous agissons pour les droits des femmes.
Bien sûr, nous prenons parti pour l’égalité Femmes/Hommes de manière assumée, explicite. Nous pouvons toutefois le faire au travers d’actions qui n’ont pas pour objectif premier de prendre en compte la situation des femmes. Nous serions ainsi un peu comme Monsieur Jourdain.
Quelques exemples :
Lorsque nous dénonçons les taxes qui pèsent sur les mutuelles et qui alourdissent le budget des ménages, nous montrons aussi qu’elles pénalisent davantage les personnes ayant des faibles revenus. Or, nous savons que les femmes sont davantage concernées par la pauvreté du fait qu’elles accèdent à des postes moins rémunérés et ont des conditions de travail moins intéressantes (travail à temps partiel, chômage) et qu’elles sont plus souvent à la tête des familles monoparentales. Nous militons donc indirectement pour le pouvoir d’achat des femmes et l’accès à leurs droits.
Lorsque nous expliquons les raisons de la hausse des cotisations des mutuelles (évolution très forte de la consommation médicale, explosion des maladies chroniques, etc.) et plébiscitons une vraie politique de prévention, nous condamnons de manière implicite les inégalités de santé selon le sexe. Le fléau des maladies cardiovasculaires se nourrit en effet de la persistance des inégalités dans la prévention et dans la prise en charge des femmes.
Lorsque nous prenons la parole sur le grand âge, militons pour la dignité des personnes très âgées et réclamons une revalorisation des métiers de l’accompagnement, nous défendons qu’on le veuille ou pas la cause des femmes. Les femmes sont en effet davantage concernées par le grand âge puisqu’elles continuent de vivre plus longtemps que les hommes. Elles sont également fortement représentées dans les métiers du care.
Lorsque nous signons la tribune des coalisés de la prévention et que nous retenons comme priorité d’action la santé mentale, nous nous préoccupons de féminisme. Car agir en promotion de la santé mentale réclame d’intégrer l’égalité fille/garçon dès le plus jeune âge.
Ainsi donc se préoccuper des droits des femmes revient à privilégier une approche transversale, c’est-à-dire à prendre en compte la question de l’égalité femme/homme dans sa globalité. Dès lors que nous définissons des orientations mutualistes, demandons-nous clairement en quoi elles servent la cause des femmes. Assumons alors de mener une politique féministe.
Fabienne Colas, Présidente de la Mutualité Française Bretagne