Mut’info Bretagne #12

8 femmes

Je vais pour ma part m’essayer à cet exercice périlleux. Pourquoi 8 femmes ? Cette newsletter # 12 paraîtra le 8 mars, journée internationale des droits des femmes. C’est donc un texte sur la cause des femmes. 8 mars, 8 femmes ! « 8 femmes » : C’est aussi le titre d’un film de François Ozon.

Cette référence cinématographique me permet d’évoquer la 48^ième cérémonie des Césars qui a eu lieu il y a quelques jours. D’aucuns se sont écriés : « Où sont les femmes ? » car la parité était loin d’être atteinte dans les nominations. Une seule femme a concouru pour le César du meilleur film. Aucune femme n’a figuré dans la catégorie « meilleure réalisation ». Si les femmes étaient sous-représentées dans les catégories les plus prestigieuses, elles l’étaient davantage pour les court-métrages. Tiens tiens ! On peut aussi regretter que le discours de l’actrice Golshifteh Farahani en soutien au peuple iranien n’ait pas été davantage applaudi.

Pour ce qui est de la dénonciation des violences faites aux femmes, je salue l’initiative d’Annie Guillerme, présidente de la fédération régionale des CDIFF[1] bretons et conseillère du CESER[2] de Bretagne. Celle-ci a interpellé l’ensemble des membres du CESER afin qu’ils formulent un « vœu pour l’élimination des discriminations et des violences sexistes et sexuelles contre les femmes en Bretagne et ailleurs dans le monde ». Le CESER a ainsi alerté sur toutes les formes de violences sexistes et sexuelles à l’encontre des filles, des adolescentes et des femmes dans la sphère privée comme dans l’espace public en Bretagne et a exprimé sa grande préoccupation face aux inégalités persistantes, aux discriminations, aux privations de droits et de liberté, allant parfois jusqu’à la mort dans un certain nombre de pays dont l’Iran, l’Afghanistan, l’Ukraine. Il a appelé tous les pouvoirs publics et toute la société civile, chacune et chacun à son niveau, à lutter sans faiblesse et sans relâche. Bravo !

Se mobiliser encore et encore est nécessaire car rien n’est jamais gagné et force est de constater que parfois, nous assistons à des reculs. Non, je ne partagerai pas avec vous la formule célèbre de Simone de Beauvoir qui appelle à rester vigilants surtout en période de crise. Cela dit, il était difficile de ne pas la citer. Elle est une des pionnières du féminisme en France au 20^ième siècle et sa pensée reste d’actualité. Elle écrivait en 1949 : « La femme libre est seulement en train de naître » …

Un rapport publié en mars 2022 par le Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes montre que les 17-19 ans ont une conscience plus aiguë des stéréotypes mais que des inégalités persistent. Les stéréotypes entraînent alors des comportements genrés (orientation scolaire, pratique sportive, etc.). L’association ADOSEN – prévention santé MGEN[3] travaille depuis de nombreuses années à déconstruire ces représentations sociales et anime des discussions auprès des publics scolaires à partir de l’outil « Stéréotypes / Stéréomeufs ». J’adresse tous mes encouragements à sa jeune déléguée générale, Sofia El Yousfi.

Les représentations ont aussi la vie dure dans les entreprises. C’est pourquoi j’apprécie le chantier que lance Charlotte Fellman, chargée de l’égalité et de la prévention du sexisme au travail à la CRESS[4] de Bretagne. Elle a pour ambition de sensibiliser tous les acteurs de l’ESS sur la question des violences sexistes et sexuelles en milieu du travail et de former des référents parmi les salariés mais aussi les militants des associations, coopératives, mutuelles.

Trouver sa place en tant qu’élue et/ou salariée n’est pas toujours aisé. J’applaudis la démarche engagée par la Mutualité Française et l’implication de sa secrétaire générale, Dominique Joseph, au sein de MutElles. Le réseau des femmes en Mutualité, MutElles, a été créé le 1^er juin 2016. Il visait et il vise encore à favoriser l’épanouissement militant et professionnel des femmes et permettre l’émergence de talents, ainsi qu’à sensibiliser les mutuelles à l’enjeu de la mixité femmes/hommes. En 2016, l’objectif était d’obtenir un minimum de 40% de femmes au sein des conseils d’administration des mutuelles à l’horizon 2021. Aujourd’hui, la Mutualité entend atteindre la parité dans toutes les instances de gouvernance d’ici 2027, et a modifié ses statuts en ce sens lors de sa dernière assemblée générale en septembre 2022.

A la Mutualité Française Bretagne, nous organisons des rencontres MutElles pour échanger entre femmes bretonnes. Nous en profitons pour mettre en avant des femmes inspirantes. Le 10 mars prochain, j’aurai le grand plaisir d’accueillir Delphine Coulin, écrivaine et réalisatrice. Elle nous parlera de ses « mauvaises filles » présentes dans son dernier roman « Loin à l’ouest ». Gageons qu’il y aura également dans la salle des mauvaises filles, de celles qui luttent contre les préjugés et se méfient des normes.

Je terminerai mon palmarès, qui n’en est pas un, en évoquant Michelle Perrot, historienne et militante féministe française. Quelle vitalité des propos ! Si vous voulez tout savoir de l’histoire du patriarcat, l’histoire du mouvement féministe, l’histoire du genre, la sororité, MeToo, lisez « Le temps des féminismes ».

Évidemment, j’aurais aimé vous parler de bien d’autres femmes mais je respecte la règle du jeu. Tout sur le 8 !

Alors, à vous de jouer maintenant. (Pour jouer cliquer)

Fabienne Colas
Mutualité Française Bretagne

Pour lire les autres articles de Mut’info Bretagne #12 : cliquez

[1] CIDFF : Centre d’information sur les droits des femmes et des familles
[2] CESER : Conseil économique, social et environnemental régional.
[3] MGEN : Mutuelle générale de l’éducation nationale
[4] CRESS : Chambre régionale de l’économie sociale et solidaire