Mois de l’Économie Sociale et Solidaire
                                                                                 
                     
                    
    De la thune, du blé, des gwenneg… !
Je ne sais pas quel mot vous employez pour désigner l’argent mais il me semble que quel que soit le terme utilisé, il s’agit bien pour l’économie sociale et solidaire (l’ESS) de réclamer haut et fort des moyens financiers pour continuer à agir au service de l’humain et de la planète. Il est, en effet, urgent de soutenir aujourd’hui l’ESS mise en difficulté par les brutales coupes budgétaires de l’État.
Arguer de la formule : « faire plus et mieux avec moins » serait provocateur. Le 11 octobre, des milliers d’associations ont manifesté contre la dégradation de leurs ressources et la disparition de leurs activités. 90 000 emplois associatifs sont directement menacés. Le Mouvement associatif et ESS France, dont fait partie la Mutualité Française, ont alerté le gouvernement : Sur le terrain, « ça ne tient plus ».
Pour le chercheur spécialiste de l’ESS, Timothée Duverger, l’économie subventionnée n’est pourtant pas celle qu’on croit. La Cour des comptes a rétabli les faits : l’ESS est deux fois moins aidée que les entreprises conventionnelles. Il questionne alors la légitimité des dépenses publiques et préconise qu’une partie de ces aides publiques soit réorientée vers l’ESS dont les missions servent l’intérêt général. On peut espérer que le parlement change les orientations du PLF. Il est encore temps. Il faut toutefois remarquer que l’État Français a brillé par son absence lors du forum mondial de l’ESS qui s’est tenu à Bordeaux en cette fin octobre.
Il n’en demeure pas moins que tous les acteurs de l’ESS qui étaient présents[1] sont repartis de ce forum avec un formidable élan collectif. Convaincus que « l’ESS incarne une économie du sens, de la solidarité et de la durabilité »[2] et qu’elle est « un antidote à la déshumanisation de la société »[3], ils sont bien déterminés à faire peser davantage l’ESS dans l’économie globale d’ici les vingt prochaines années avec parmi les priorités retenues celle de démarchandiser le secteur social et médico-social. Ils auraient tort de ne pas y croire : « Un autre monde est déjà là »[4].
[1] On peut saluer la forte mobilisation des acteurs bretons dont les élus et salariés de la CRESS, des pôles ESS et de la Mutualité Française Bretagne
[2] Propos d’Eric Chenut, président de la Mutualité Française
[3] Propos de Benoit Hamon, président d’ESS France
[4] Titre de la 7ième édition du forum mondial de l’ESS à Bordeaux : « Another World is already here ».
 
Fabienne Colas
Présidente de la Mutualité Française Bretagne