Le mois de novembre est le mois de l’économie sociale et solidaire. C’est un mois durant lequel ses acteurs décuplent les actions pour donner à l’ESS toute la visibilité qu’elle mérite, la faire connaître, faire prendre conscience aussi des nombreux secteurs où elle agit, toujours au service de l’intérêt général et de notre démocratie. Mais cette année, il faut la défendre avec encore plus de force.
Car le projet de loi de finance prévoit une réduction budgétaire de 40 milliards d’euros, en France, en 2025 et, parmi les économies prévues, une diminution drastique des moyens alloués à l’ESS : 8 milliards d’euros. Selon l’UDES (Union des employeurs de l’ESS), c’est 186 000 emplois menacés, soit un plan social qui met en péril les professionnels de l’ESS comme les millions de gens qu’ils accompagnent. Par ailleurs, dans le PLFSS (Projet de loi de finances de la sécurité sociale), les transferts de 1,1 milliard de dépenses de santé de l’assurance maladie vers les complémentaires santé dont les mutuelles qui protègent la santé des Français affecteront le pouvoir d’achat de nos concitoyens.
La Mutualité Française avec les autres acteurs de l’économie sociale et solidaire (ESS) alertons le Premier Ministre Michel Barnier dans une lettre ouverte que vous pouvez retrouver ici. Nous demandons « de soutenir la contribution sans équivalent de l’ESS à l’intérêt général en prenant en compte les amendements soutenus sur tous les bancs du Parlement qui restaurent les ressources affectées aux actions des acteurs de l’ESS. » Car les métiers de l’ESS sont divers et nombreux, dans l’accompagnement des tout-petits, des personnes âgées, des plus vulnérables, dans la recherche de solutions pour la transition écologique, dans l’alimentation, le soin et le médico-social… Ce mode d’entreprendre est reconnu par la loi depuis 10 ans et il associe non-lucrativité et démocratie dans plus de 200 000 entreprises qui salarient 2,5 millions de personnes. « Nous innovons, déployons des solutions, créons, protégeons, soignons, alimentons, accompagnons les vulnérabilités. Derrière chaque emploi de l’ESS, vous trouverez mille et un liens sociaux qui unissent » souligne Eric Chenut, Président de la Mutualité Française.
Mettre en péril l’ESS ne met pas seulement en danger les nombreux citoyens et citoyennes accompagné.e.s. Cela met aussi en danger notre démocratie. Benoit Hamon président d’ESS France alerte : « l’ESS participe aussi à la santé démocratique de la France. La démocratie représentative tousse et voit ses institutions défiées et critiquées par des citoyens, las de l’impuissance des politiques à agir avec constance et sens du concret sur les enjeux, éducatifs, écologiques ou sociaux qui font pourtant consensus. »
En Bretagne, terre d’ESS, les acteurs se mobilisent aussi. Car 12 700 établissements bretons relèvent de l’économie sociale et solidaire. Ils représentent 164 000 salarié.e.s, soit 13,8 % de l’emploi. La Bretagne est ainsi la première région de France pour le poids de l’économie sociale et solidaire. Le collectif Soli-Ker Breizh qui représente les acteurs du monde de la santé et du médico-social privé non lucratif se réunit à Saint Brieuc le 15 novembre pour une journée d’échanges, de solutions et d’alerte de nos décideurs. La situation de nos EHPADs n’est par exemple pas digne de notre démocratie.
L’ESS bretonne se réorganise au niveau territorial pour mieux répondre aux besoins des collectivités, des porteurs de projet et des acteurs du non-lucratif. Elle vient ainsi de franchir une étape en adoptant une nouvelle structuration collective. Bientôt, c’est autour de 5 groupes supra territoriaux et de la CRESS que se pensera le développement de l’ESS en Bretagne. Rendez-vous à l’Assemblée générale Extraordinaire du 19 décembre sur Morlaix pour entériner tout cela.
La Mutualité Française Bretagne est bien sûr au rendez-vous de la mobilisation : nous nous engageons chaque jour pour l’intérêt général par nos actions de santé publique et en portant dans le débat public des sujets de société (dépendance, fin de vie, santé mentale, santé au travail, alimentation durable). Nous nous mobilisons pour défendre l’ESS au sein de collectifs : Pacte du Pouvoir de Vivre, Soli-Ker Breizh et soutenons la CRESS dans ses projets. Et bien sûr, nous préparons notre contribution pour le forum mondial de l’économie sociale et solidaire qui aura lieu dans un an à Bordeaux. Cela sera l’occasion de croiser les expériences, de porter un projet commun en faveur d’une société écologique, sociale et démocratique.