Un service de Soins Médicaux et de Réadaptation (SMR) en addictologie est un centre accueillant, sur prescription, les patients après la période de sevrage. Nous avons, en Bretagne, un centre spécifiquement dédié aux femmes : rencontre avec son directeur Pierre-Yves Morcet.
MFB : Quelle est l’histoire de ce centre ?
Pierre-Yves Morcet (PYM) : L’existence de cet établissement, qui n’accueille que des femmes, remonte à 1978. Il a été fondé par une association protestante et appartient aujourd’hui la Mutualité Bretagne Soins et Services groupe VYV3 Bretagne. Nous avons deux centres sur le territoire de Lorient : Le Phare, pour les hommes, et Kerdudo pour les femmes.
Il n’y a, à ma connaissance, qu’un seul autre établissement comme Kerdudo, il se situe à la Canourgue en Lozère. Il s’agit donc encore aujourd’hui d’une exception.
Vous accueillez des femmes de toute la France, pourquoi une femme fait-elle le choix d’un SSR féminin ?
PYM : Pour certaines, très sensibles, la gestion des émotions est compliquée sur cette période de vie, elles peuvent tomber amoureuses très rapidement, dans un contexte commun d’addiction, cela peut rendre plus difficile la relation et la sortie de l’addiction.
Certaines ont pu subir des violences de la part de leur environnement masculin et ont besoin de se sécuriser dans un établissement pour femmes afin de se reconstruire.
Enfin, d’autres, la plus grande partie, rejoignent Kerdudo car elles en ont eu un retour positif. A ce moment-là de leur choix, elles ne sont pas foncièrement contre la mixité.
Vous êtes directeur des deux établissements, Le Phare et Kerdudo, mais travaillez à leur unification, pour quelle raison ?
PYM : L’Agence régionale de santé souhaite constituer un seul centre d’addictologie sur le territoire.
Cela ne va pas sans quelques inquiétudes. Nous craignons ainsi de perdre une partie du public qui serait venu uniquement pour sa spécificité féminine. Aujourd’hui, nous accueillons 50% de femmes qui viennent d’autres régions, et leur choix premier est lié à cette spécificité. Nous allons travailler à maintenir cette particularité et avons une réelle volonté de maintenir l’accueil de 25 femmes afin de faire mentir les statistiques qui montrent que les hommes sont plus nombreux dans les établissements mixtes.
Pour que tout se passe au mieux pour les deux établissements, nous allons maintenir des activités ainsi que des groupes de paroles séparés. Ce qui fait sens dans nos deux établissements aujourd’hui, fera sens également dans la nouvelle proposition de services.
Les avantages sont par ailleurs très importants, nous allons intégrer le site de Kerpape, emblématique en Bretagne, et, tout en gardant notre indépendance, allons pouvoir bénéficier des avantages de la proximité : un très beau site, des locaux rénovés et adaptés, un service de restauration partagé avec des menus au choix …
Avez-vous des projets communs d’ampleur à venir ?
PYM : En effet, des projets communs voient le jour, notamment un projet de SMR addictologie hors les murs qui trouvera sa place dans le Périgord pour 5 hommes et 5 femmes qui participeront à une expérimentation sur la Motothérapie la moto comme vecteur de mieux être, en partenariat avec la faculté de Toulouse qui va mener une recherche action sur les bienfaits de la motothérapie.
Dans cette même idée de rester novateur, mais en restant très local, nous venons de gagner le « Prix Avenir Recherche Innovation » pour un projet de Ronronthérapie à Kerdudo, et là, à défaut de moto, c’est le chat qui est à l’honneur ! Les ondes émises par le ronronnement de Pablo possèdent de véritables pouvoirs thérapeutiques : elles apaisent, déstressent … pour aider la patiente à se rétablir.
L’aventure de Kerdudo et de son chat Pablo continue, rendez-vous en 2024 pour l’inauguration du nouveau centre « Kerpape addictologie Bretagne sud ».