Afin de faire connaître le secteur de l’ESS aux jeunes, la CRESS Bretagne et ESS France se mobilisent depuis quelques temps afin de créer du lien avec les jeunes. Rencontre avec Frédéric Balavoine, administrateur de la MFB, désigné pour participer à la commission éducation et jeunesse d’ESS France et membre du comité de pilotage « éducation à l’ESS » à la CRESS Bretagne.
- Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis issu du monde de l’éducation nationale, en tant qu’ancien professeur des écoles. J’ai peu enseigné, car j’ai eu plusieurs opportunités pour travailler dans différentes organisations de l’ESS comme détaché ou mis à disposition par l’éducation nationale. J’ai d’abord été médiateur scientifique et commissaire d’exposition au centre de culture scientifique de Rennes, aujourd’hui appelé l’Espace des Sciences. J’étais en charge d’accueillir des classes pour leur faire découvrir le monde de la culture scientifique. Ensuite, j’ai été directeur d’un centre de classe de mer pendant quatre ans dans le Morbihan pour l’association des pupilles de l’enseignement public (PEP56). En 2000, je suis arrivé à la MGEN comme chargé de développement. Entre temps, j’ai été directeur, et aujourd’hui je suis chargé des relations institutionnelles, notamment avec les partenaires et les organisations syndicales. Je suis également formateur ESS à la MGEN, mon rôle est de promouvoir l’ESS auprès des nouveaux collaborateurs et collaboratrices, des militants, et d’organiser des événements avec nos partenaires, nos entreprises clientes.
Je suis également membre du CA de la CRESS Bretagne au titre de la MGEN, je participe aux travaux du comité de pilotage sur l’éducation à l’ESS depuis 3 ans. Celui-ci comprend plusieurs partenaires : le Rectorat de l’Académie de Rennes, la Région Bretagne, la DDAF (Direction Départementale de l’Agriculture et de la Forêt), le collectif L’ESPER (L’Économie Sociale Partenaire de l’École de la République) et la CRESS Bretagne. Une convention a été signée afin de déployer des actions liées à l’ESS dans les établissements, notamment le programme « Mon ESS à l’école ». Cette convention n’existe que dans quelques régions de France, l’objectif est de décliner un programme global d’éducation à l’ESS. Il concerne à la fois la formation et les équipes éducatives, et tous les niveaux scolaires, mais s’applique dans la réalité plutôt à partir du collège et surtout dans les lycées (généraux, technologiques et professionnels). De temps en temps, cela peut avoir lieu dans les Maisons Familiales Rurales ou dans l’enseignement supérieur.
- Quelles sont les principales initiatives ou actions qu’ESS France a mis en place récemment pour mobiliser et sensibiliser les jeunes à l’Économie Sociale et Solidaire ?
ESS France vient de créer une Commission Jeunesse et Éducation à l’initiative du nouveau président Benoît Hamon et de son équipe. Elle est animée par Damien Baldin, vice-président d’ESS France en charge de la jeunesse, de l’éducation, de l’influence et des médias. La première réunion a eu lieu le 10 décembre dernier. L’idée est de retravailler le lien avec la jeunesse afin de promouvoir nos modes d’entreprendre et nos modèles d’entreprises, valoriser nos activités et nos filières. Montrer que l’on peut travailler dans des structures qui ont un impact positif et qui ont d’autres finalités que de générer du profit. Cela permet de répondre aux aspirations des jeunes qui ont une volonté de donner du sens à leur métier. L’objectif, c’est également de faire connaître la marque « ESS », et de montrer que cela peut répondre à tous les enjeux de transition qui sont devant nous : écologiques, sociaux, de gouvernance, etc. Avec la volonté de défendre un modèle alternatif et d’attirer de nouveaux talents aussi bien au niveau des salariés qu’au niveau des militants. Nous sommes constamment en recherche de nouveaux bénévoles et de nouveaux donateurs. Nous souhaitons montrer qu’on peut aussi contribuer, volontairement, dans des structures comme les nôtres en ayant qui ont ? un impact réel et positif sur la société et nos communs.
- ESS France travaille-t-elle en partenariat avec des structures éducatives, des mouvements de jeunesse ou d’autres associations / mutuelles pour amplifier ses actions en direction des jeunes ?
Il s’agit seulement des débuts des travaux de la commission, mais oui, elle va s’appuyer sur les réseaux existants notamment sur le mouvement associatif. Plusieurs sous-groupes de travail ont été créés afin de travailler sur différents sujets. Nous souhaitons développer de nouveaux dispositifs pour accueillir les jeunes, notamment au sein de nos entreprises, en prenant notre part dans l’accueil des stagiaires. Nous souhaitons également construire une cartographie pour valoriser les initiatives qui existent en matière d’éducation à l’ESS et promouvoir ensuite ces activités.
- Quels projets, ou perspectives, souhaitez-vous voir se concrétiser dans les années à venir pour renforcer la place des jeunes au sein de l’ESS et leur donner des moyens concrets d’agir ?
Je souhaiterais que les jeunes soient davantage représentés dans nos instances, et cela à tous les niveaux. Il faudrait également que nous soyons en mesure de les associer dans tous les lieux où ils sont en mesure de prendre leur place, notamment pour nous accompagner sur certains de nos projets et de nos actions. Cela passe peut-être par le fait de revoir nos statuts, notre gouvernance, en mettant en place une gouvernance sans doute plus participative ; des conventions citoyennes de jeunes par exemple, afin de construire ensemble des réponses à nos besoins, à nos enjeux.
- Qui sont les jeunes qui s’intéressent à l’ESS ?
Je pense qu’il n’y a pas de profil type. Beaucoup de jeunes font de l’ESS sans vraiment s’en rendre compte (comme beaucoup d’adultes d’ailleurs). D’où l’intérêt de communiquer sur ce qu’est l’ESS afin de faire du lien entre leur investissement, personnel ou au sein d’un collectif. Avec l’ESS nous pouvons reprendre le contrôle ensemble sur nos vies et les enjeux qui sont devant nous, c’est notre pouvoir d’agir.