Il faut toute une région pour favoriser le bien-être des jeunes en Bretagne : retour sur le rapport du CESER

Le nouveau Premier ministre Michel Barnier a annoncé vouloir que la santé mentale soit « la grande cause nationale » en 2025. Il y a un peu plus d’un an le CESER Bretagne adoptait à l’initiative de Mireille MASSOT (France Assos Santé Bretagne) et Fabienne COLAS (Union régionale de la Mutualité Française) un rapport intitulé « Il faut toute une région pour favoriser le bien-être des jeunes en Bretagne. Promouvoir la santé mentale avec elles et avec eux ».

Ce rapport partait d’un constat : la santé mentale des jeunes a été fortement éprouvée depuis 2020 par la pandémie de COVID19 et ses conséquences. En effet, selon une étude publiée par Santé publique France en février 2023, sur la période 2017-2021, les jeunes de 18-24 ans ont connu la progression la plus importante de la prévalence des épisodes dépressifs : alors que 11.7 % d’entre eux étaient concernés en 2017, ils étaient 20.8 % en 2021, soit près d’un jeune adulte sur cinq en France et une augmentation de près de 80 % en seulement 4 ans. Toujours d’après Santé publique France, « le stress causé par la maladie de la COVID-19 et les restrictions imposées pour la contrôler apparaissent comme l’une des principales hypothèses explicatives de cette hausse ».

Plusieurs travaux récents révèlent aussi une anxiété globale de plus en plus prégnante chez de nombreux jeunes en France, notamment sous la forme d’éco-anxiété dans un contexte de crise climatique et d’érosion mondiale de la biodiversité. Ainsi, selon une étude internationale publiée par The Lancet en décembre 2021, près de trois jeunes Français sur quatre âgés de 16 à 25 ans pensent que « le futur est effrayant » et, près d’un sur deux, que « l’humanité est perdue ».

La Bretagne n’est pas épargnée. Région française la plus touchée par le suicide, ce dernier y représente la deuxième cause de décès chez les 15-24 ans, après les accidents de transport. Si les données régionales actualisées sur la santé mentale des jeunes sont peu nombreuses, elles confirment néanmoins cette tendance générale à la dégradation de la santé mentale des jeunes depuis 2020. Ainsi, selon une publication de l’Observatoire régional de la santé en Bretagne (ORSB) datant de février 2022, il est constaté « une augmentation du nombre moyen de passages aux urgences en 2021 par rapport aux années précédentes pour gestes suicidaires chez les 11-17 ans et pour troubles de l’humeur chez les moins de 18 ans ». De nombreux acteurs de la jeunesse et de la santé en Bretagne auditionnés par le CESER ont confirmé cette évolution préoccupante qu’ils observent sur le terrain.

Malgré cet état, parler de santé mentale aujourd’hui reste un sujet tabou car renvoyant aux maladies mentales et aux troubles psychiques. Ce rapport a choisi de parler de la santé mentale des jeunes de manière positive en mettant en avant ses facteurs de protection et de rappeler que la santé mentale est un droit humain fondamental et universel. Comme l’UNICEF et la Défenseure des droits le rappellent régulièrement : les jeunes ont droit au bien-être.

Forte de plus de 80 auditions, dont celles de nombreux·ses jeunes, cette étude a permis de faire émerger quatre grands défis : le défi culturel, le défi scientifique, le défi de santé publique et enfin le défi politique et sociétal nécessaires pour que vive ce droit au bien être pour tou·tes les jeunes en Bretagne.

Il est possible d’agir, plus ou moins directement, sur les multiples facteurs individuels, collectifs, sociétaux et environnementaux qui influencent la santé mentale des jeunes. Chacune et chacun détient une parcelle de pouvoir d’agir pour conjuguer ces facteurs et leurs interactions positives afin de créer les conditions de ce bien être. Cela ne peut se faire sans impliquer les jeunes elles-mêmes et eux-mêmes.

C’est pour intégrer les jeunes à ce processus et leur donner la parole concrètement que la Mutualité Française Bretagne et le CESER Bretagne ont choisi de créer une exposition itinérante illustrant ce rapport. Ainsi, de jeunes artistes, professionnel.le.s du collectif La Vilaine et étudiant.e.s de l’Institut supérieur des arts appliqués (LISAA) de Rennes ont réalisé des illustrations des idées fortes de ce rapport afin de faire mieux connaître l’étude et ses préconisations mais aussi de faire avec et pour les jeunes.

Le vernissage de cette exposition aura lieu le mardi 8 octobre à 18h au 4bis à Rennes. Elle voyagera ensuite en Bretagne dans les semaines suivantes et permettra des discussions, des échanges, pour qu’enfin la santé mentale ne soit plus jamais taboue. Nous le devons à notre jeunesse et à son bien-être.