ICOPE est un programme numérique qui vise à préserver la santé des personnes de 60 ans et plus. Il est déployé par la Mutualité sur deux territoires en Bretagne. Le Docteur Séverine JUCHS, médecin gériatre coordonnateur des EHPAD mutualistes du Morbihan, nous en dit plus.
Pouvez-vous présenter le projet ICOPE ?
ICOPE est un programme de prévention innovant développé depuis 2018 par l’Organisation Mondiale de la Santé. Le nom vient de l’acronyme anglais « Integrated Care for Older People » mais aussi de « I cope » (je fais face/ je réagis). La France est l’un des pilotes mondiaux de ce programme destiné aux personnes de 60 ans et plus.
Il vise à préserver la santé des personnes de 60 ans et plus, autonomes au domicile. On commence par un dépistage rapide qui peut être réalisé par la personne elle-même ou son entourage depuis chez elle. Le dépistage porte sur des grandes fonctions indispensables au maintien de la santé et de l’autonomie : locomotion, nutrition, audition, vue, mémoire et bien-être psychologique.
On utilise pour ce dépistage une application sur smartphone, Icopemonitor, ou le site internet Icopebot. En cas d’alerte, ces outils numériques permettent à une équipe médicale de prendre contact avec la personne pour discuter de son état de santé, parler de prévention, et éventuellement donner des informations pour réaliser un suivi ou accéder à des ateliers à proximité de son domicile. Ce programme est gratuit.
Pourquoi ce projet en Bretagne ?
La région Bretagne n’échappe pas à la démographie nationale qui portera dans quelques années la proportion des plus de 60 ans à 30% de la population française avec des territoires, notamment isolés, où cette proportion grimpera au-delà de 50% !
La Bretagne a toujours porté dynamiquement des projets de prévention en santé pour les seniors : ICOPE est au final un outil de synthèse, de communication et de coordination de ces programmes afin que le plus grand nombre de personnes puisse y accéder.
Où en êtes-vous dans le déploiement (territoires, dynamiques…) ?
La Mutualité Française Bretagne et VYV3 Bretagne ainsi que tous leurs partenaires ont souhaité porter deux projets complémentaires dans les Côtes d’Armor et le Morbihan.
Dans les Côtes d’Armor, il est déployé à l’échelle de l’agglomération de Saint-Brieuc. Il s’appuie sur l’établissement mutualiste de soins médicaux et de réadaptation des Châtelets à Ploufragan, via son hôpital de jour gérontologique. Afin de compléter l’offre de bilan et de repérage sur le secteur, un fort partenariat avec le Centre Intercommunal d’Action Sociale de l’agglomération permet également aux auxiliaires de vie de procéder aux premiers dépistages.
Dans le Morbihan, et plus précisément dans l’agglomération de Lorient, la stratégie est différente. Nous avons choisi de communiquer auprès des acteurs du monde libéral et des réseaux de santé. Ces acteurs pourront ensuite déployer les outils ICOPE auprès des seniors, commencer les dépistages, et proposer des bilans adaptés si nécessaire.
Quels sont les premiers résultats et les perspectives ?
L’implémentation de tels programmes de prévention, ambitieux, prend toujours du temps et doit s’adapter au territoire. Il s’agit de communiquer, d’informer, d’inciter et de suivre les seniors inclus dans le programme. Ces étapes doivent s’articuler au mieux, en proximité et en fonction des ressources du terrain.
En quelques chiffres, en un 1 an sur les deux agglomérations :
61 professionnels, 25 partenaires et plus de 160 seniors informés directement
79 accompagnements
4 webinaires pour les professionnels et le grand public
Notre objectif est bien sûr de poursuivre nos actions, d’étendre le programme sur d’autres territoires, d’organiser des temps de sensibilisation pour le grand public, et de maintenir cette collaboration importante entre la Mutualité Française Bretagne et VYV3 Bretagne.
Quel intérêt pour la Mutualité de porter cette expérimentation ?
La Mutualité est un acteur majeur de la prévention en région Bretagne. ICOPE résume la plupart des actions déployées par la Mutualité au fil des années : bien vieillir, la prévention des chutes, l’accompagnement des troubles cognitifs, l’aide aux aidants, la nutrition… et bien d’autres. Porter le déploiement d’un tel programme permettra de toucher en transversalité tant auprès du grand public que des adhérents mutualistes.