« Les Centres d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles (CIDFF) promeuvent l’autonomie des femmes, afin qu’elles accèdent à la pleine citoyenneté » : c’est ce qu’indique la Charte fédérale d’engagement du réseau des CIDFF. Concrètement, quelles sont les actions des CIDFF ? Comment sont-ils organisés en Bretagne ? Annie GUILLERME, présidente de la fédération régionale des CIDFF, répond à nos questions.
Comment fonctionnent les CIDFF en Bretagne ?
Annie GUILLERME (AG) : Il existe un Centre d’Information sur les Droits des Femmes et des Familles (CIDFF) par département.
C’est avant tout un véritable réseau : la fédération nationale des CIDFF propose un centre de ressources documentaires et des formations aux élus et salariés des CIDFF, la fédération régionale des CIDFF en Bretagne a un rôle de coordination, en lien avec les partenaires et les projets régionaux.
C’est également un réseau de proximité : la Bretagne compte 90 points de permanences implantés en milieu rural, urbain et en zones sensibles, auprès des collectivités territoriales, des centres communaux d’action sociale, ou encore des agences Pôle Emploi…
Ce sont 55 salariés en Bretagne, principalement des juristes et conseillers en emploi et insertion, mais aussi des psychologues ou coordinateurs de réseaux.
Quelles sont leurs missions ?
AG : Les CIDFF sont des structures associatives agréées par l’Etat, et ont pour but, par toutes leurs actions déployées sur tout le territoire, de favoriser l’autonomie sociale, professionnelle et personnelle des femmes. Ils ont une mission d’intérêt général confiée par l’Etat, et une charte d’engagement précise les missions : travailler sur l’égalité entre les femmes et les hommes, l’accès aux droits, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles, l’emploi, la vie familiale, le soutien à la parentalité…
Notre objectif premier est de favoriser l’autonomie des femmes par le travail, le service emploi est donc en plein développement, sur tout le territoire, avec le soutien de l’Etat et de notre fédération nationale.
Les femmes sont informées et accompagnées : en 2022, 5 700 personnes ont ainsi été informées individuellement, pour un total de 13 000 entretiens. 564 femmes ont été accompagnées pour un retour à l’emploi. Le suivi est nécessaire sur la durée, pour résoudre toutes les difficultés rencontrées.
Le CIDFF propose également des actions collectives, comme des modules de découvertes des métiers, incluant des stages en entreprise. Nous sommes agréés par l’Education Nationale, et intervenons ainsi dans les établissements scolaires.
Il est essentiel de bien diriger les personnes vers le meilleur accompagnement, qu’il soit personnalisé ou collectif : la personne qui nous contacte doit repartir avec un rendez-vous, une adresse, de l’information.
Nous militons pour l’égalité femmes-hommes, il nous arrive donc également d’accompagner des hommes. En 2018, 36% des personnes informées collectivement en Bretagne étaient des hommes.
Quelles évolutions avez-vous pu observer ces dernières années ?
AG : Il y a eu, heureusement, beaucoup de progrès. Mais c’est un éternel recommencement. Nous observons également des situations de plus en plus difficiles, notamment des cas de violences en constante augmentation depuis la crise sanitaire, et qui touchent désormais toutes les catégories sociaux-professionnelles, sur tout le territoire.
Nous accompagnons des femmes très souvent en situation de monoparentalité.
Davantage de femmes plus âgées nous contactent également : elles manquent de ressources financières à la retraite, et sont donc à la recherche d’un emploi.
Un événement marquant sur la place de la femme en 2022 ?
AG : En France, les femmes sont surtout concernées par les violences conjugales, le sexisme. Mais ailleurs dans le monde, c’est terrible de voir comment les femmes sont traitées, par exemple en Iran ou en Afghanistan : les femmes n’ont plus le droit de travailler, de se soigner, d’être éduquées. Il s’agit d’une réelle soumission au patriarcat, d’un cruel retour en arrière : l’ONU parle même d’apartheid.
Cela a certes toujours existé, mais nous n’en parlions pas. Le mouvement #MeToo a permis de libérer la parole des femmes.
Quels sont vos prochains combats ?
AG : Il faut persévérer, avoir du discernement, ne pas s’arrêter. Continuer à aller sur le terrain, et sortir les femmes de leurs difficultés au jour le jour.
Engagée depuis plus de 20 ans sur l’égalité femme/homme, je reste plus largement soucieuse de l’égalité, quelle qu’elle soit, et du respect de la dignité.