La composition du e-liquide dans la eCigarette
Une vapoteuse moderne est constituée de trois parties : une batterie, une résistance et un réservoir pour le e-liquide (qui, chauffé, donne la vapeur inhalée). La composition du e-liquide est variable, mais contient généralement des arômes (tabac, menthe, fruits rouges…), du propylène-glycol (PG), de la glycérine végétale (GV), de la nicotine (avec un taux maximal imposé de 19,9 mg/ml en Europe), et parfois de l’alcool (moins de 2 %).
Depuis les modèles de première génération importés d’Asie, des progrès ont été faits en matière de fiabilité et de sécurité des dispositifs, avec notamment la mise en place de normes AFNOR. En France désormais, les distributeurs proposent à la vente des modèles de 3e voire de 4e génération.
Le principe est le suivant : le propylène-glycol et la glycérine végétale sont chauffés grâce à la résistance et se transforment en vapeur d’eau, qui est inhalée et passe dans les voies respiratoires. La vape demande une inspiration douce et lente. La toux qui peut être observée est généralement due au propylène-glycol contenu dans l’e-liquide, qui assèche les muqueuses. Si vous toussez trop, choisissez un liquide avec de la glycérine végétale qui sera plus douce.
Lorsque la vapoteuse est utilisée dans le cadre d’un sevrage de la cigarette, l’important est de débuter avec un taux de nicotine suffisant pour ne pas ressentir le manque. On trouve également des e-liquides sans nicotine, voire sans arôme, utile lorsque c’est la dépendance comportementale qui est la plus difficile à gérer.
Une étude française, publiée en 2021 par Dusotoir et al. (J Hazard Mater) compare la composition des aérosols de fumée de tabac et de vapeur issue de la vape. Parmi les 70 substances cancérigènes contenues dans la fumée de cigarette, il y a les carbonyles (formaldéhyde et acétaldéhyde, en particulier), et les goudrons, les hydrocarbures polycycliques aromatiques (benzopyrène, en particulier). Les vaporettes testées dans cette étude produisent a minima 500 fois moins de carbonylés et 96 fois moins d’hydrocarbures aromatiques que les cigarettes.
Comme le précise le Ministère de la santé anglais depuis 2015, la réduction de risque avec la vape est de 95%, ce qui est important.
La position de l’Académie nationale de médecine
Le 23 mars 2016, le Pr Gérard Dubois , président de la commission Addictions à l’Académie nationale de médecine, a donné une interview au Figaro Santé sur la eCigarette. Voici quelques extraits :
- « À l’évidence, malgré des remises en cause médiatisées mais mal fondées, la toxicité de l’e-cigarette est bien plus faible que celle de la fumée de tabac. »
- « Son efficacité dans l’arrêt du tabac semble s’affirmer et elle a contribué, au moins en France et en Angleterre, à une baisse des ventes de tabac. »
- « La cigarette électronique est donc un outil utile à la réduction de la mortalité et de la morbidité dues au tabac. »
- « La cigarette électronique contribue donc à aider les fumeurs à se libérer du tabac. »
L’Académie nationale de médecine rappelle en 2019 les avantages prouvés et les inconvénients indûment allégués de la cigarette électronique (vaporette), avec un communiqué de presse explicite : « La vaporette moins dangereuse que la cigarette aide à l’arrêt et à la diminution de la consommation de tabac. 700 000 fumeurs ont décroché grâce à elle. »
La position de la Société française d’anesthésie-réanimation (SFAR) actualisée en 2018
En 2016, lors de la réactualisation de la conférence d’experts (SFAR-SFT), les données de la littérature disponibles n’avaient pas permis de positionner formellement la cigarette électronique dans le contexte préopératoire. Aujourd’hui, même si des incertitudes persistent, la cigarette électronique apparaît clairement comme une alternative très intéressante à la cigarette tabac dans la période périopératoire et son usage est désormais proposé comme outil de sevrage notamment par le réseau de prévention des addictions, Tabac-info-service ou l’INCA.
La position commune de la Société francophone de tabacologie (SFT) et de la Société de pneumologie de langue française (SPLF) en 2019
Ne plus fumer est le premier objectif à poursuivre chez les fumeurs, notamment porteurs de maladies respiratoires chroniques dont la BPCO.
La cigarette électronique est probablement une aide efficace pour arrêter de fumer. Elle doit dans ce cas être utilisée de façon transitoire (en l’absence de donnée précise sur ses effets à long terme) en vue de l’arrêt de la consommation tabagique. Elle doit être proscrite chez les non-fumeurs.
Fumer et vapoter dans le même temps n’est pas une solution, car cette conduite ne réduit pas les risques liés au tabac.
La position de l’Institut national du cancer en 2021
Début Septembre 2021, l’Institut national du Cancer (L’INCa), a publié un guide, suite à une étude menée sur « Agir pour sa santé contre les risques de cancer » , rassemblant plus de 40 pages de conseils et astuces de professionnels de santé pour la prévention et la réduction des risques de cancer en France.
La première, rappelle l’INCA, concerne tout d’abord la nicotine, une « substance naturellement présente dans le tabac, qui est responsable de la dépendance à la cigarette, mais n’est pas cancérogène », expliquant que c’est bien la combustion du tabac et des produits du tabac (tabagisme actif et passif) qui est de loin le « principal facteur de risque de cancer en France ». L’INCa précise également « Je peux opter pour la cigarette électronique » [ou e cigarette] » : « sans tabac, la cigarette électronique ne fonctionne pas par combustion (et donc sans fumée de cigarette). Quand vous « vapotez », le liquide aromatisé (qui peut contenir de la nicotine et du propylène glycol) est chauffé et se transforme en gouttelettes dans de la vapeur de cigarette électronique et de l’air. Vous évitez ainsi la plupart des substances cancérogènes de la cigarette ».
Au total, l’usage de la cigarette électronique, alors que la population des fumeurs et ex-fumeurs qui y ont recours ne cesse d’augmenter, doit être considéré par les médecins anesthésistes réanimateurs comme une aide très positive en période préopératoire, cette dernière étant bien identifiée comme très favorable à la décision d’arrêt du tabac.
Quelques Fake news sur la eCigarette
Sur ce sujet, un article que j’ai publié publié sur The Conversation en mars 2020 détaille ces désinformations qui entretiennent la défiance, le rejet de cette alternative au tabac. En voici quelques extraits :
- En juin 2019, Stanton Glantz et Dharma Bhatta publiaient un article dans le journal de l’American Heart Association (JAHA), affirmant que la vape double le risque de faire une crise cardiaque. Leur analyse s’appuyait sur les données de l’étude de cohorte PATH (Population Assessment of Tobacco and Health survey), qui porte sur plus de 32 000 américains suivis entre 2013 et 2014. Il s’est avéré que la majorité des patients avaient fait leur infarctus avant de se mettre à la vape (en moyenne, 10 ans plus tôt), ce que les auteurs avaient omis de signaler. Cela a entraîné la rétractation de la publication , en février 2020 : pendant cette période, de très nombreux ex-fumeurs auront renoncé à la vape.
- La vape serait la porte d’entrée dans le tabagisme, chez les jeunes en particulier. Une étude française, coordonnée par l’OFDT et publiée en 2020 dans la revue Addiction (Legleye et al.) prouve le contraire. « Dans l’ensemble, l’expérimentation de la cigarette électronique en premier (par opposition au tabac en premier) a été associée à une réduction du risque (- 40%) de tabagisme quotidien à l’âge de 17-18,5 ans ». L’analyse portait sur des données recueillies auprès de 44 000 jeunes de 17 à 18 ans, interrogés durant la Journée défense et citoyenneté (JDC) du 13 au 25 mars 2017.
Dans des études publiées en 2021, près d’un américain sur deux et plus d’un anglais sur trois considèrent que la eCigarette avec de la nicotine est aussi dangereuse que les cigarettes, voire plus !
En conclusion, pour résumer ce que j’ai déjà dit dans des billets précédents, la eCigarette est beaucoup moins nocive que le tabac sous toutes ses formes, et qu’elle s’inscrit dans la réduction des risques (morbidité et mortalité).
ARVERS Philippe (Dr – Médecin addictologue et tabacologue)